La chasse aux pirates se poursuit au Maroc. Descentes policières spectaculaires, arrestations et condamnations à des peines de prison assorties d'amendes. Qu'en est-il de l'efficacité de ces actions ? La pression contre les pirates augmente. Les descentes policières se multiplient à travers les différentes villes du Royaume. L'opération la plus récente a eu lieu vendredi 14 juillet à Casablanca. En effet, ce jour-là, la police judiciaire de Ben M'sik a arrêté un fournisseur de CD piratés. L'arrestation de ce spécialiste du piratage s'est faite suite à une plainte déposée par l'Association professionnelle des producteurs et éditeurs de phonogrammes (Appep). «Nous avons déposé une plainte le vendredi 14 juillet auprès du procureur du Roi. La descente a eu lieu le même jour, vers l'après-midi à Hay Moulay Rachid à BenM'sik Sidi Othmane. La réaction a été rapide pour créer l'effet de surprise et éviter toute fuite d'information», indique Khalid Noucry, secrétaire général de l'APPEP. Ainsi, la police a procédé à la saisie de plus de 170 000 CD piratés, 42 graveurs et un PC complet. Le prévenu dénommé O.A, qui a été déféré devant le parquet de Casablanca le lundi 17 juillet, risque gros. «Cette infraction est passible d'une peine d'emprisonnement ferme de 4 mois à un an, assortie d'une amende de 300 000 dirhams suivant la loi 34-05 modifiant et complétant la loi 002. Et également d'une peine d'emprisonnement de 6 mois de plus pour falsification des marques déposées assortie d'une amende de 500 000 dirhams. Sans oublier de verser des dédommagements pour le Bureau marocain du droit d'auteur, au Centre cinématographique marocain et aux différents professionnels qui vont se constituer partie civile dans cette affaire», a ajouté M.Noucry, qui a précisé que le procès, qui a débuté le mardi 18 juillet, a été reporté au mardi 25 juillet. Ce n'est pas la première fois qu'une descente anti-piratage mène les fournisseurs de CD piratés devant la justice. Des condamnations à des peines de prison ferme ont été prononcées à l'encontre des pirates appréhendés. À travers cette répression, l'Etat veut montrer l'exemple. Cependant, ni les arrestations ni la saisie des milliers de CD n'ont vraisemblablement réussi à réduire l'ampleur de ce phénomène. En témoigne le nombre croissant des pirates. L'Association professionnelle des producteurs et éditeurs de phonogrammes a conscience d'être face d'un phénomène insoluble. «Nous ne cherchons pas à éradiquer ou à éliminer d'une manière définitive le phénomène du piratage, mais à le diminuer. Il faut noter que le Maroc est classé par les organisations mondiales IFPI et BSA, parmi les premiers pays où le piratage prend une ampleur inquiétante avec 94%. L'Europe a un taux de 37%. Aux Etats-Unis, où le piratage est considéré comme un crime fédéral, le taux est de 17%», souligne M.Noucry avant d'indiquer que son association lancera prochainement une campagne de sensibilisation qui sera accompagnée par un spot destiné aux clients du piratage. Pour une lutte efficace contre le piratage Le phénomène du piratage au Maroc prend de plus en plus d'ampleur. Pour le contrecarrer, les arrestations des vendeurs de CD piratés se multiplient à travers tout le Royaume. Cependant, elles n'ont pas réussi à empêcher la prolifération d'autres pirates. Ne faut-il donc pas éradiquer le mal de la racine ? De monter à la source du mal ? Qu'adviennent les puissants importateurs de CD vierges ? «Il est vrai que la lutte contre le piratage doit commencer par un contrôle de ceux qui importent les CD vierges. A ce sujet, nous prévoyons de déposer une demande au ministère du Commerce pour instituer le régime d'autorisation préalable d'importation. L'importateur doit préciser pour quelle fin sera utilisé le CD», tient à souligner Khalid Noucry, secrétaire général de l'APPEP.