Après une spectaculaire descente anti-piratage, mercredi dernier, à Derb Ghallef à Casablanca, les vendeurs de CD piratés ont repris leurs activités. Une preuve tangible que la saisie de milliers de CD est loin d'être un moyen de dissuasion efficace. À Derb Ghallef, en plein cœur de Casablanca, les vendeurs de CD piratés poursuivent leurs activités comme si de rien n'était. Apparemment, la spectaculaire chasse aux pirates, du mercredi dernier, ne les a guère poussés à mettre fin à leurs commerces. La méthode de saisie de milliers de CD a prouvé ainsi ses limites. Menée conjointement par les forces de l'ordre, les autorités locales et des membres de l'Association professionnelle des producteurs et éditeurs de phonogrammes (Appep), cette opération a été in fine infructueuse. D'ailleurs, et au lendemain de cette descente, le commerce de CD piratés a repris de plus belles. Une riposte aux autorités et une preuve tangible et palpable que Derb Ghallef est, bel et bien, le fleuron du piratage dans la capitale économique. Cette économie souterraine, qui ne cesse de tisser sa toile, permet à des centaines de familles de (sur)-vivre et à des millions de gens de suivre les dernières actualités artistiques internationales à des prix plus qu'abordables. «Pourquoi s'attaque-t-on aux vendeurs ? Il faut éradiquer le mal de sa racine en pensant aux puissants fournisseurs et à leurs outils de travail !», précise un fin observateur de ce phénomène socio-économique. Et d'ajouter : «tant que les graveurs continuent à être commercialisés dans le marché, le nombre des pirates ne peut qu'augmenter ». Au cours de ces derniers mois, la fréquence de ce type de descente a monté d'un cran, dans l'espoir de dissuader ces vendeurs d'abandonner leur business. C'est ainsi que la campagne anti-piratage a commencé à prendre une nouvelle tournure. Plus contraignante semble-t-il cette fois-ci. Il faut rappeler dans ce sens que la justice a haussé récemment le ton. À titre d'exemple, à Fès, en début de ce mois-ci, des peines d'un mois à un an de prison ferme ont été prononcées à l'encontre de 15 personnes impliquées dans une affaire de piratage de CD. Précisément, le tribunal de première instance de la capitale spirituelle a condamné sept mis en cause à un mois d'emprisonnement ferme assorti de 3.000 dirhams d'amende, quatre autres à deux mois de prison ferme assortis de 5.000 dirhams et une autre personne à six mois de prison ferme et une amende de 5.000 dirhams. S'agissant des deux autres inculpés, le tribunal les a condamnés à sept mois de prison ferme assortis respectivement de 6000 et 7700 dirhams d'amende. La plus grande sanction prononcée dans cette affaire a été d'un an de prison ferme en plus d'une amende 10.000 dirhams. Outre ces peines, le tribunal a condamné ce groupe à verser une somme de 50.000 dirhams de dommages et intérêts à dix sociétés victimes de piratage. Ce procès, censé servir d'exemple, n'a vraisemblablement pas réussi à réduire l'ampleur de ce phénomène. En témoigne le nombre croissant des vendeurs de CD dans divers coins et recoins de la ville.