Le Collectif des associations de défense des droits de l'Homme au Sahara a adressé aux organisateurs d'une conférence de soutien au polisario une lettre où il dénonce l'organisation de cet événement estimant qu'il s'agit d'un soutien aux tortionnaires de Tindouf. La société civile sahraouie a vivement réagi contre l'organisation de la "29ème Conférence de soutien au peuple sahraoui" qui s'est réunie les 5,6 et 7 décembre à Nanterre, Paris et Vitry sur Seine. Le Collectif des associations de défense des droits de l'Homme au Sahara a dénoncé, dans une lettre adressée aux organisateurs, l'attitude des initiateurs de cette conférence européenne de solidarité avec le polisario considérant qu'il s'agit "pour nous, victimes de sévices" infligés par les séparatistes, d'"un soutien aux bourreaux de nos concitoyens séquestrés à Tindouf". La lettre a été signée, au nom du collectif, par Ennajem Ould Mohamed Salem, ex-représentant du polisario en France, Ahmed Kher, pour l'Association des parents des Sahraouis victimes de la répression dans les camps de Tindouf, Abadila Semlali, pour l'Association de défense de la marocanité du Sahara et des séquestrés dans les camps de Tindouf et Ahmed Terrouzi, président de l'Association Tribune sahraouie pour l'unité et la fraternité. Les signataires ont souligné à l'adresse de ceux qui se disent "les amis d'une entité hypothétique" que, par leur attitude, ils ne font que "contribuer à faire perdurer les souffrances de ces milliers de familles déchirées et qui restent clouées au sol algérien, otages de milliers de leurs enfants déportés à Cuba". "Il s'agit, ajoute la lettre, d'un soutien à une tyrannie à parti unique dont les atrocités sont tracées à jamais sur nos corps et dans les mémoires de ceux qui ont péri sous la torture dans le silence et l'anonymat dans les geôles de Tindouf". Le collectif a tenu à rappeler aux initiateurs de la rencontre que "des amis les plus proches" du groupe séparatiste "n'ont pas hésité à dénoncer les atrocités qu'il fait subir à ceux qu'il prétend défendre". Le collectif cite à ce propos le témoignage de la journaliste Laurence Masure, pour laquelle, l'attitude observée à propos des émeutes de 1988 et de leur répression par le front polisario, d'"exiger le silence, remettre tout débat à un lendemain plus hypothétique que jamais", équivaut "à prendre les gens (les Sahraouis, comme les autres) pour des imbéciles - et le triste constat que je dois faire, poursuit cette journaliste, est que le front polisario prend depuis longtemps ses interlocuteurs pour des imbéciles". Par ailleurs, le collectif considère que le soutien aux séparatistes est "un parti pris pour une minorité otage d'une mafia dont les détournements sont démasqués (...) contre une majorité de Sahraouis représentés par plus de quarante députés démocratiquement élus, dans un régime interdisant le parti unique". Enfin, la lettre adressée par les associations membres du collectif estime que les instigateurs de cette rencontre seraient mieux inspirés d'"organiser une table ronde sur les droits de l'Homme dans la culture du polisario" afin de "dévoiler la face cachée des dirigeants du polisario et de leurs commanditaires". Rappelons que cette conférence est annuellement organisée par des associations dites d'aide humanitaire créées dans plusieurs pays européens à des fins frauduleuses. Ainsi, ils se cachent derrière cet objectif afin de collecter des fonds qu'ils font acheminer vers les comptes des membres de la coupole dirigeante des camps de Tindouf. D'ailleurs, dans la résolution finale adoptée au terme de cette conférence, le point principal est un appel à une mobilisation pour l'augmentation de l'aide. "Il convient de déplorer les retards et les diminutions dans la mobilisation des fonds destinés à l'aide humanitaire pour les réfugiés sahraouis", déplore le texte de la résolution, avant d'inviter "les bailleurs de fonds et les institutions humanitaires internationales de se conformer à leur mandat, conformément au dernier rapport du secrétaire général des Nations Unies et de fournir une aide humanitaire adéquate aux populations réfugiées sahraouies". En somme, l'objectif principal de cette réunion organisée en France par le polisario était de tenter de rehausser le niveau des aides humanitaires qui ont nettement diminué ces dernières années suite à la découverte des détournements de cette aide au profit des dirigeants du polisario.