Scénario catastrophique pour le pays hôte, les Allemands, pourtant soutenus par un Westfalen Stadion comble et donnant continuellement de la voix, ont été défaits par des Italiens opportunistes et réalistes en prolongation. Et voilà comment les protégés de Jürgen Klinsmann vivent la fin de leur aventure mondiale. Les Nerazzuri ont parfaitement manœuvré durant 120 minutes une Mannschaft timorée car consciente du poids de l'enjeu. Alors que le match semblait se diriger ainsi vers l'épreuve des tirs au but, les Italiens ont réussi à arracher la victoire à deux minutes de la fin. La rencontre débutait sur un rythme plutôt soutenu sans qu'il n'y ait de véritables occasions. Les équipes ne se découvraient pas ou peu. La seule occasion franche de cette première mi-temps était une ouverture de l'attaquant Miroslav Klose, si efficace aux tours précédents mais totalement absent mardi soir, pour Schneider dont la frappe dévissée frôle le poteau du gardien de but Gianluigi Buffon. Après la pause, et jusqu'à la fin du temps réglementaire, l'entre-jeu italien mené par un Andrea Pirlo de grands soirs se montre beaucoup plus talentueux que celui des Allemands, acculant leur meneur Michael Ballack à un simple rôle défensif. Les Nerazzuri ont montré durant les deux premières mi-temps leurs qualités défensives et offensives ( 10 tirs à 2 ) en étouffant une Mannschaft quasiment inexistante pendant l'intégralité de la rencontre. Dès l'entame des prolongations, l'Italie se crée deux énormes occasions : par Gilardino tout d'abord qui efface Ballack, voit sa frappe heurter le poteau gauche de Jens Lehmann à la 91e, puis Zambrotta qui profite d'un mauvais dégagement allemand pour expédier un missile des 25 mètres sur la transversale. L'Allemagne intensifie ses efforts jusqu'à ce que Podolski trouve Buffon sur la route de sa lourde frappe à la 112ème minute. Cinq minutes plus tard, c'est Pirlo qui voit son tir dévié par Lehmann en corner. La Mannschaft croit déjà à une décision aux tirs au but, mais c'était sans compter sur la volonté italienne, qui a mis en évidence les limites de cette équipe allemande. Pirlo feinte puis passe pour Grosso qui enroule parfaitement sa frappe (118e). Incrédules, les Allemands se livrent pour égaliser, mais la Squadra Azzura y croyait fort. Et à la 120e minute c'est Del Piero, sur une offrande de Gilardino, qui expédie le ballon dans la lucarne du portier allemand et son équipe en finale de la coupe du monde. L'Italie met ainsi un terme aux espoirs allemands ainsi qu'à leur beau parcours, et prouve, malgré les difficultés liées au scandale du Calcio, qu'une équipe talentueuse et soudée peut surmonter tout obstacle. Fair play, les supporters allemands ont ovationné leur équipe et un Michael Ballack en larmes qui voient leur rêve d'une quatrième coupe du monde remportée à domicile s'envoler brutalement. La presse italienne amoureuse de ses joueurs La presse italienne salue la victoire de ses joueurs face aux Allemands en demi-finale de la Coupe du monde, mais cette excellente nouvelle ne peut faire oublier le scandale des matches truqués qui empoisonne le Calcio. "Nous vous aimons", titre le Corriere dello sport avant d'annoncer que cette performance "entrera dans la légende. Nous les avons éliminés dans leur propre jardin, avec 60.000 supporters hurlant pour les soutenir, avec Ballack qui nous provoquait, dans un stade où l'Allemagne n'avait jamais perdu auparavant." "Des géants", considère pour sa part Tuttosport dont la une est occupée par des photos d'Alessandro Del Piero et Fabio Grosso, les deux buteurs de la prolongation. "Deux grands buts et l'Italie est en finale", écrit le Corriere della Sera. "L'Italie est plus forte que quiconque. Nous y sommes," jubile le Messagero de Rome qui, comme les autres journaux a illustré l'événement avec des clichés montrant les Azzurri pleurant de joie après la victoire. "Une dernière minute fantastique, l'Italie vole," se réjouit l'Unita. Pour Tuttosport, le personnage central de cette victoire s'appelle Marcello Lippi. • Othman El Maanouni