La France s'est dépêtrée du bourbier espagnol en faisant parler l'expérience et en neutralisant toute velléité créative des amis de Raul. Qui aurait-parié sur un résultat pareil ? La France s'est qualifiée pour les quarts de finale de la coupe du monde en éliminant l'Espagne sur le score de 3-1. A Hanovre, les Bleus (que certains détracteurs s'amusaient déjà à surnommer les «Vieux») ont du coup fait taire toutes les critiques et ont livré leur meilleur match de la compétition en tuant dans l'œuf la créativité, l'attaque et l'optimisme espagnol. Malgré les fanfaronnades espagnoles d'avant-match et leur volonté affirmée de «mettre Zidane à la retraite», il est certain que l'expérience des Français a primé et qu'ils ont enfin rehaussé leur niveau de jeu. Luis Aragones, le sélectionneur ibérique, le confesse lui-même : «nous avons vraiment manqué d'une certaine expérience.» La vieille garde française a, en effet, parfaitement joué le coup en verrouillant le feu follet Fernando Torres et en cadenaçant le milieu de terrain, n'hésitant pas à ralentir le rythme quand la partie s'enflammait. Tout avait pourtant mal démarré pour les Français avec un penalty sifflé sur Thuram pour une faute contre Pablo à la 27ème minute. Avant ça, les Bleus avaient prouvé qu'ils étaient en place en ne laissant aucune occasion franche aux Espagnols. Le penalty est transformé par David Villa, l'attaquant de Valence, qui place parfaitement son tir d'une frappe puissante dans le petit filet. On pensait alors que les Français ne pourront pas revenir au score. Mais c'était sans compter sur l'incroyable Ribery (définitivement un énorme talent en devenir ) qui, sur une ouverture parfaite de Vieira, efface le gardien Iker Casillas pour marquer dans des buts vides à la 41ème minute. Après la pause, les Français restent toujours parfaitement en place, en ralentissant le jeu à chaque action espagnole, reflet d'une expérience sans pareil contrairement aux jeunes joueurs espagnols que le capitaine Raul n'a pas su mené vers la victoire. En effet, sur coup franc, à la 83ème minute alors que le match semblait se diriger vers les prolongations au terme d'une deuxième periode équilibrée, Zidane centre pour la tête de Vieira ( élu homme du match ) qui, aidé par la jambe de Sergio Ramos, catapulte le ballon au fond des filets de Casillas. Les Espagnols se voient alors obliger de se livrer et poussent alors que les Français arrêtent le jeu à chaque fois qu'ils l'estiment nécessaire. En toute fin de match, le tant décrié Zidane, sur une action menée tambour battant par Wiltord (entré en lieu et place de Thierry Henry, seul attaquant aligné par Domenech et perpétuellement hors-jeu ), feinte et marque sur un tir parfaitement croisé. Les Bleus exhultent alors et leur capitaine les expédie en quart de finale alors que le banc et les supporters français, euphoriques, célèbrent le renouveau tricolore. La France rencontrera le Brésil samedi en quart de finale pour ce qui devrait être un match revanche exceptionnel, les Auriverde ayant à cœur de faire oublier la finale de 1998 où ils s'étaient inclinés 3-0. Elle pourra compter sur Ribery, Zidane et Vieira, véritables métronomes et poumons des Bleus qui se prennent dorénavant à rêver plus ouvertement de Berlin, le 9 juillet. Sauront-ils réiterer l'exploit de 98 ? En tout cas, une autre victoire des bleus ne peut que remonter le moral bien morose des français, Jacques Chirac en tête. • Othman El Maanouni