Le procureur du Roi près la Cour d'appel de Rabat a décidé de renvoyer la procédure judiciaire à la PJ de Salé pour approfondir l'enquête sur le décès d'Abdelghafour Haddad, fin mai suite à une altercation avec des éléments des GUS. Satisfaction dans les milieux de défense des droits de l'Homme, après que le procureur du Roi près la Cour d'appel de Rabat ait décidé la réouverture de l'enquête sur le décès, fin mai dernier, du jeune Abdelghafour Haddad, dans le quartier «Pépinière », à Salé-Tabriket. « La réouverture de l'enquête exprime la volonté d'aller de l'avant dans l'Etat de droit», s'est félicitée la présidente de l'OMDH, Amina Bouayach, en réaction à la décision du parquet de Rabat ordonnant le renvoi de la procédure judiciaire à la PJ de Salé pour « approfondir l'enquête sur certains détails, qui n'ont pas été évoqués par l'enquête préliminaire concernant le décès d'Abdelghafour Haddad ». Contacté par « ALM », Me. Mohamed Tarek Sbaï, avocat de la famille de la victime, a salué à son tour la décision qu'il a qualifiée de « pas important vers le rétablissement de la vérité ». Et d'ajouter: « Nous avions formulé plusieurs réserves sur l'enquête préliminaire, eu égard à la lenteur suspecte de son déroulement et au retard pris dans l'annonce des résultats de l'autopsie ». Maître Mohamed Tarek a, par ailleurs, souligné la nécessité que les dépositions des témoins se fassent à l'abri de toute menace, dans une référence à la demande du procureur du Roi « d'auditionner toute personne dont les déclarations peuvent faire avancer l'enquête ». Selon notre interlocuteur, les déclarations des témoins seraient unanimes sur la responsabilité des GUS dans le décès du regretté A. Haddad. M. Tarek Sbaï évoque, à l'appui de cette thèse, les résultats de l'autopsie. « Les résultats de l'autopsie décidée par le parquet (…) ont révélé que la mort est due à une hémorragie résultant de blessures profondes causées par un objet tranchant », lit-on dans le communiqué du parquet. D'après la défense, la victime aurait reçu des coups de menottes au niveau de sa tête. Plusieurs témoins, interrogés par « ALM » le lendemain de ce drame, avaient révélé que la victime s'était cogné le corps contre la vitre d'un cyber-café après qu'un agent de police lui ait fait un croche-pied. « Après avoir réussi à desserrer l'étreinte des policiers, la victime a essayé de prendre la fuite. A ce moment, un agent lui fait un croche-pied, lui faisant perdre l'équilibre pour heurter violemment l'objet tranchant », raconte un jeune témoin dénommé M. Benyari. Dans un communiqué, publié le lendemain de la tragédie, la direction de la Sûreté nationale avait rejeté ces accusations. Devant cette situation, plusieurs acteurs de la défense des droits de l'Homme sont montés au créneau. En plus de l'AMDH, qui a pris l'affaire en main, l'OMDH a entrepris plusieurs démarches. Après avoir diligenté sa propre enquête sur cette affaire, l'OMDH a rencontré jeudi dernier le patron de la Direction générale de la Sûreté nationale, Hamidou Laânigri. Pendant cette rencontre, ce dernier a assuré l'association de sa volonté de garantir un « déroulement légal de l'enquête ».