Avec le tiers du budget de la nation absorbé par l'éducation nationale, on est en droit d'attendre un enseignement qui favorise l'épanouissement et non l'exclusion, l'équité et non la discrimination. A l'approche de chaque rentrée scolaire, les établissements de la mission française au Maroc en particulier subissent une pression énorme. La frustration est d'autant plus grande que la demande dépasse largement l'offre. Résultat : la sélection, qui doit s'opérer en fonction des places disponibles, se réalise par voie de concours qui ont déjà commencé pour l'année 2006-2007. Justement, les places sont limitées et le sont de plus en plus à mesure qu'augmente le nombre des prétendants. L'engouement grandissant envers l'enseignement privé étranger ( français, américain, espagnol) est tel que les parents issus de la classe moyenne et aisée sont prêts à tout pour que leurs enfants y soient intégrés. Car il est communément admis que les programmes pédagogiques de la mission française favorisent l'épanouissement et l'éveil contrairement à ceux dispensés par l'éducation nationale. Voilà, l'école publique marocaine n'en finit pas d'en prendre pour son grade. Une école qui, d'échec en échec, d'indifférence en perte de confiance, subit de plein fouet depuis des décennies la crise profonde du système éducatif malgré la fameuse et néanmoins ambitieuse réforme. Un système qui, à défaut d'excellence, continue à recouper parfaitement les inégalités sociales qui font rage au Maroc puisqu'il ne scolarise que les élèves des pauvres qui n'ont pas les ressources nécessaires pour aller dans le privé. Le ministre de tutelle Habib El Malki (voir interview) explique cependant que la majorité des Marocains optent pour l'enseignement public. Certes. Mais non pas par choix comme il le laisse entendre mais plutôt par impuissance. Existe-t-il des parents qui ne veulent pas que leurs enfants accèdent à une école performante où ils ont une grande chance de s'assurer un avenir meilleur ? Avec le tiers du budget de la nation absorbé par l'éducation nationale, on est en droit d'attendre un enseignement qui favorise l'épanouissement et non l'exclusion, l'équité et non la discrimination. Mais là aussi, M. El Malki, visiblement résigné, élude la question et se justifie en soulignant que l'essentiel de ce budget est bouffé par la masse salariale. Constat encore plus accablant qui ajoute au désastre. Mais qu'est-ce qu'il attend pour changer la donne ? Est-il à ce point impuissant face à l'ampleur du gâchis ? Tout cela sonne comme un aveu d'échec. La solution réside sans nul doute dans une coopération maroco-française plus accrue en matière éducative. Il s'agirait de trouver une formule qui permettrait d'augmenter de manière conséquente les écoles françaises au Maroc. En attendant, la vérité c'est qu'à la faveur d'un enseignement à plusieurs vitesses, le principe d'égalité devant l'école est inexistant. Dans ces conditions, le système devient pervers, injuste : peu importe où va l'élève, l'essentiel est d'où il vient !