L'équipe qui enquête sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri fait état de "progrès considérables". Elle va, toutefois, demander un mandat d'un an supplémentaire pour boucler l'affaire. Le rapport de l'ONU sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, rendu public samedi 10 juin, se félicite de l'avancée de l'enquête. Il souligne que la coopération s'est renforcée avec la Syrie, accusée auparavant d'entrave à l'enquête sur la mort de Rafik Hariri. Serge Brammertz, le procureur belge chargé de diriger la commission d'enquête a remis son rapport très attendu au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan dans lequel il a plaidé pour une prolongation de l'enquête et de son mandat, qui doit s'achever jeudi. La coopération avec Damas « s'est développée davantage», se réjouit le rapport, faisant spécifiquement mention des rencontres organisées entre les membres de la commission, le président et le vice-président syriens. Les demandes d'informations et de documents ont été satisfaites «dans les temps et de manière généralement satisfaisante», mais «la coopération totale et inconditionnelle de la Syrie reste cruciale». Deux rapports antérieurs de Detlev Mehlis, prédécesseur de M.Brammertz, désignaient de hauts responsables syriens comme commanditaires de l'attentat, et reprochaient le manque de coopération de Damas. Selon le rapport de M.Brammertz, des "progrès considérables" ont été enregistrés et l'enquête a apporté des éléments importants sur les circonstances de l'attentat à la voiture piégée qui a coûté la vie à Rafic Hariri et à 22 autres personnes. Les travaux sur les circonstances de l'explosion sont presque terminés, assure l'enquêteur de l'ONU. La commission estime que l'ancien Premier ministre a été tué par un engin explosif non-identifié de très forte puissance contenant au moins 1 200 kilos de TNT. Une charge qui visait à écarter tout échec, disent les enquêteurs. L'explosion avait été impressionnante, son bruit entendu largement dans Beyrouth. Le rapport explique aussi qu'un camion Mitsubishi a vraisemblablement transporté l'explosif, qui a été actionné lors du passage du convoi de Hariri par un individu. Le rapport n'emploie pas le terme "bombe humaine", les enquêteurs ne sachant pas si celui qui a actionné l'engin explosif "a été forcé de le faire" ou l'a fait volontairement. Un point crucial reste flou : les motifs de l'attentat. Le rapport souligne que : «il pouvait bien y avoir plus d'une raison pour vouloir tuer Rafic Hariri». Il indique que la commission enquête sur des motifs politiques, une vengeance personnelle, des raisons financières et un acte idéologique d'extrémistes. Serge Brammertz doit commenter son rapport mercredi devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Son enquête pourrait conduire à la création d'un tribunal international pour juger les responsables du meurtre de Rafic Hariri. Reprenant une demande formulée en mai par le Liban, il demande que l'enquête de l'ONU soit prolongée, et souligne notamment que la Commission a fourni une assistance technique aux autorités libanaises dans leurs enquêtes sur les 14 explosions qui ont frappé, au Liban, des personnes connues pour leur hostilité à l'égard de la Syrie. La Syrie, qui nie toute participation dans l'attentat, a souvent accusé la commission de partialité politique.