Des initiatives récentes témoignent d'une relance du Bloc démocratique sur la base d'une nouvelle entente politique. Mais rien ne confirme la mort définitive de la querelle partisane. Lundi prochain, le Premier secrétaire de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), Mohamed Elyazghi, et le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Ismaïl Alaoui, tiendront une réunion dont l'objectif essentiel est de relancer l'action de la Koutla démocratique. Cette action survient une semaine après une rencontre entre M. Elyazghi et le secrétaire général du Parti de l'Istiqlal ( PI), Abbas El Fassi, et à quelques jours avant la tenue, par la Fondation Abderrahim Bouabid, d'un meeting sur la question du Sahara auquel participeront les trois dirigeants précités. En effet, depuis que l'USFP s'est déclarée, dans la plate-forme d'actions adoptées par son Bureau politique, le 28 novembre dernier, convaincue «que le Bloc démocratique demeure toujours un cadre politique nécessaire pour faire avancer le processus des réformes», et qu'il est « nécessaire de procéder à sa redynamisation et sa relance », un nouveau climat d'entente a été remarqué au niveau des partenaires de la Koutla, notamment entre le PPS, l'USFP et l'Istiqlal. Abbas El Fassi n'a pas manqué d'annoncer dans une récente interview que son parti a «définitivement tourné la page du passé» et qu'il souhaite «résolument reprendre» son action et sa coordination, «en premier lieu avec l'USFP, puis avec la Koutla ». Certes, dans les rangs de l'USFP et du PPS, le rapprochement avec l'Istiqlal ne fait pas l'unanimité. Ce parti est souvent perçu comme ayant un penchant conservateur sur les plans économiques et sociaux. Ses positions vis-à-vis des questions sociales, notamment celles relatives à la cause des femmes et à la laïcité ou même l'enseignement, et en ce qui concerne les orientations économiques du pays, ont souvent été aux antipodes des revendications de la Gauche. Mais, d'un autre côté, aucune démarche ayant pour but de consolider les réformes politiques ou d'aspirer à une révision constitutionnelle ne saurait arriver à ses fins sans l'approbation et l'implication de l'Istiqlal. Les dirigeants de la gauche modérée sont convaincus de cette donne, comme ils sont convaincus de la nécessité du rapprochement avec les autres forces de la Gauche pour appuyer leurs démarches et ménager «l'esprit contestataire » de cette mouvance. Aussi, vu le besoin constant du maintien de l'équilibre entre les différentes «sensibilités» au sein de chaque formation, les alliances au sein de la Koutla permettent aux dirigeants des partis précités d'élargir leurs sphères de manœuvres, en se situant tantôt à gauche, tantôt à droite de leurs «frères agitateurs ». Néanmoins, si cette stratégie s'est avérée payante en ce qui concerne le maintien des équilibres de forces au sein de chaque formation partisane du bloc démocratique, il n'en demeure pas moins important de souligner que dans d'autres circonstances, comme lors des élections, elle perd de son efficacité. Car, au niveau de la base, les alliances se heurtent aux ambitions personnelles des uns et des autres et à des petits calculs locaux. D'où les différents moments de blocage et d'inertie qui caractérisent les démarches de ce bloc dans la durée. Mais, est-ce que ce bloc est en mesure de réviser les manières de gérer son unité et ses divergences?