L'art virtuel est né dans les années 50 des expériences d'artistes explorant d'autres médiums. Les Japonais en sont les pionniers. Ils en ont fait une technologie presque vivante. De l'eau virtuelle que l'on saisit dans une coupelle, de petits nains numériques avec lesquels on joue, un écran élastique où l'on s'enfonce littéralement dans l'image : l'art virtuel japonais rend la technologie vivante. Les oeuvres d'art qui jalonnaient «l'allée japonaise», au Salon international de réalité virtuelle tenu à Laval, il y a quelques jours, ne sont pas de celles que l'on protège derrière une vitrine. Au contraire, c'est l'action du spectateur qui les anime. « La réalité virtuelle ouvre un espace complètement différent où l'oeuvre devient dynamique », où « l'auteur n'est plus unique », souligne Alain Grumbach, professeur d'informatique à l'Ecole nationale supérieure des télécommunications à Paris et spécialiste de l'art virtuel. Les spectateurs « trouvent l'émotion au travers des images mais aussi dans la possibilité qu'ils ont d'en modifier le cours », note-t-il. L'effet en est presque magique. Curieuse sensation que de plonger une cuiller de bois dans un bol vide, sous l'oeil de la caméra, et de la voir simultanément jouer avec une eau pure sur l'écran de retransmission. Etrange émotion que de pousser une boîte de thé sur la table et de ressentir la résistance... de minuscules lutins virtuels qui s'opposent de toutes leurs forces au mouvement et que l'on ne peut distinguer qu'à travers une petite fenêtre de bois. Un peu plus loin dans l'allée, Norimichi Idehara, professeur associé des sciences de l'information à l'Université Tama de Tokyo, s'inquiète pour sa planète virtuelle, écosystème sous globe dont «les entités vivantes semblent destinées à l'extinction» en dépit des mouvements générateurs de pluies qu'impriment les visiteurs du salon. «C'est de la magie mais les gens savent très bien qu'il s'agit de technologie », remarque la professeur Machiko Kusahara du département «Lettres, arts et sciences» de l'Université Waseda à Tokyo. «On ne cherche pas à la dissimuler». En grande vogue au Japon, «ces objets tiennent souvent du gadget, mais ils sont conçus avec une intention artistique soigneusement étudiée», relève-t-elle. « Les artistes produisent des produits commerciaux pour la vie de tous les jours, ils cherchent à atteindre l'audience la plus large possible ». • Source : Internet