En traitant ses ministres de «menteurs», le président algérien, Abdelaziz Bouteflika vient de faire son entrée au club fermé des dirigeants «one-man-show» rejoignant ainsi le leader libyen Mouammar Kadhafi et le président du Venezuela, Hugo Chavez. Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika semble être en pleine forme. Après une période de convalescence marquée par son absence, Abdelaziz Bouteflika revient au-devant de la scène politique algérienne. Il a ainsi décidé de sortir de l'ombre pour se mettre sous les feux des projecteurs. Depuis quelques jours, il a entamé une série de visites d'«inspection» de plusieurs chantiers à Alger durant lesquelles il s'est livré à un véritable one-man-show. À l'issu de ces visites, le président Bouteflika a reconnu que l'Algérie souffre d'un grave problème de gestion et que tous les secteurs ont accusé des retards énormes. Une «révélation» qui a poussé le président Bouteflika à traiter ses ministres de «menteurs». «Vous m'avez menti !», «Vous m'avez caché la vérité», «Aucun secteur n'est bien géré»,… Tels étaient les propos du président. Des propos qui ont fait la Une de la presse algérienne. « La bureaucratie et les lenteurs administratives bloquent les investissements étrangers directs en Algérie et, par ricochet, toute la stratégie industrielle du pays», a-t-il martelé. «Vous êtes très en retard et ce n'est pas ce que vous avez dit en Conseil des ministres», a-t-il reproché au ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui après avoir inspecter un chantier de réalisation de la nouvelle aérogare de la capitale algérienne. Mais la meilleure phrase du président algérien demeure celle reprise en Une du quotidien "Le Jeune Indépendant" : «Je ne viens pas d'Australie». Une façon de dire qu'il est au courant de ce qui se passe dans son pays, en dépit des tentatives de lui cacher la vérité, souvent «amère». Pas un seul ministre n'a été épargné. Les responsables des secteurs des finances, des participations et de la promotion des investissements, de l'éducation, de l'enseignement supérieur, des transports et des travaux publics ont tous eu droit aux blâmes de celui que le quotidien "El Watan" qualifie de «premier magistrat du pays». Même le ministère de la Jeunesse et des Sports n'a pas échappé aux critiques du chef d'Etat algérien. «J'insiste sur la gestion (...) Il n'y a pas un seul secteur où nous avons de bons gestionnaires. À commencer par le ministère de la Jeunesse et des Sports ! Il n'y a pas une seule équipe nationale, une seule équipe de football qui est bien gérée dans ce pays», peut-on lire sur une des déclarations du président. Visiblement, le président Bouteflika s'inspire de son vieil ami, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. En effet, cela fait un bout de temps que les deux hommes entretiennent des relations conviviales. Ils ont, à maintes reprises, échangé les compliments devant les caméras. Un jour, le Guide de la «révolution libyenne» avait appelé Bouteflika par son nom de maquis «Abdelkader El Mali». Ce dernier a été apparemment trop flatté… Enfin, c'est peut-être vrai ce qu'a dit l'écrivain américain, Oliver Wendell Holmes : l'inspiration d'un moment vaut l'expérience d'une vie.