La question du Sahara figurera en tête des sujets qui seront abordés lors du prochain sommet de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), a indiqué le Guide de la révolution libyenne, le colonel Mouammar Kadhafi. Il situe ainsi le problème entre les deux pays concernés : le Maroc et l'Algérie. Le colonel Mouammar Kadhafi ne tient pas à se retrouver en piteuse compagnie, lors du prochain sommet de l'UMA. Il ne veut pas se retrouver en tête-à-tête avec un seul chef d'Etat, au lieu d'adresser un discours mémorable à quatre prestigieux interlocuteurs. Il est déterminé à éviter le raté du président algérien Abdelaziz Boutefilka qui réveillonnera aux sons du retentissant échec du dernier sommet de l'UMA. Le colonel Mouammar Kadhafi a pour sa part compris le fond du problème. Il sera question de simulacres de projections vers l'Union du Maghreb, tant que la question du Sahara n'aura pas été abordée. Visiblement, le colonel prend au sérieux l'idée d'un espace unifié au Maghreb, puisqu'il a placé la question du Sahara en tête des priorités du prochain sommet de l'UMA, dont son pays assure la présidence. Dans une déclaration mardi à l'agence de presse libyenne “JANA“, le colonel Kadhafi a estimé qu'“il est nécessaire de prendre connaissance des efforts déployés à ce sujet par James Baker, qui est chargé du dossier du Sahara par le Secrétaire général de l'ONU“. Prendre connaissance où ? Au Maghreb, au sein même de l'espace du conflit. La localisation par le colonel libyen du problème dans sa géographie naturelle intervient à un moment crucial. Lors du sommet des 5+5 à Tunis, SM le Roi Mohammed VI avait dénoncé “un conflit artificiel créé autour de l'intégrité territoriale du Maroc“. Ce à quoi avait rétorqué le président algérien Abdelaziz Bouteflika : “Ce qui appartient au Maghreb doit rester au Maghreb et ce qui relève de l'ONU doit rester à l'ONU“. Le président algérien avait tout simplement extrapolé le sujet vers des géographies incertaines. Il s'est réfugié derrière l'ONU pour n'avoir pas à traiter du sujet frontalement avec le Maroc. En cherchant une situation de statu quo sur la question du Sahara, le président algérien bloque la construction du Maghreb, tout en appelant à une union qu'il sait pourtant impossible. C'est un pavé dans la mare que lui a réservé le chef d'Etat libyen en le préparant d'emblée à l'ordre du jour du prochain sommet de l'UMA. Il a précisé que ce sommet se tiendra après les élections présidentielles algériennes. En clair, il se peut que l'actuel président algérien ne soit pas réélu à ce poste. Quel que soit le président algérien qui participera à ce sommet, il devra se faire à l'idée que la question du Sahara sera traitée par les principaux et seuls concernés : le Maroc et l'Algérie. Ne serait-ce que pour avoir proclamé que le Sahara concerne les deux pays qui constituent l'épine dorsale de l'UMA, et non pas une tierce partie, le colonel Mouammar Kadhafi mérite du respect. En dépit de ses multiples palinodies politiques et de son sens de la ritournelle, il garde du bon sens.