Rien ne va plus entre la Samir et les banques extérieures qui participent à son programme de modernisation. Le projet qui porte sur un montant de 630 millions de dollars est menacé. Le dernier Conseil d'administration de la Samir, tenu fin mars aurait été houleux. Coups de gueule, grosses colères. Menace de retrait. D'après plusieurs informations, de nombreuses mésententes sont apparues au sujet du programme de modernisation de la raffinerie, un programme auquel l'Etat marocain, partenaire institutionnel, participe. L'ambiance était telle que, les banques extérieures et certains bailleurs de fonds, qui participent dans ce projet par un budget de plus de 600 millions de dollars (uniquement pour la phase construction), menacent de se retirer. Est directement pointé du doigt, le fournisseur italien, Snam Projetties, lequel voudrait livrer des machines dont les spécifications ne sont pas celles retenues au départ. Aussi, le programme de démarrage prévu à fin 2007 risque-t-il d'être retardé. D'ailleurs, selon des sources dignes de foi, Cheikh Hamoudi, propriétaire de la SAMIR et patron du groupe Corral a décidé de prendre lui-même les choses en main, pour accélérer le processus. Contactée, la Samir, signataire, à travers ce programme, d'une convention intéressante avec l'Etat marocain, nie tout en bloc. «Simples spéculations, acharnements inexplicables», avance une voix autorisée, selon qui il n' y aurait pas eu d'empoignades lors du Conseil d'administration. Cette réunion se serait tenue dans une bonne ambiance. Le raffineur exclut aussi tout retard dans les travaux à venir. «Nous avons passé en revue durant le conseil d'administration de l'ingénierie de détails, un plan minutieux assorti de spécifications et qui vient en préalable à l'achat du matériel et du commencement des travaux », poursuit notre interlocuteur. Et d'ajouter, «aujourd'hui, nous avons suffisamment d'informations pour lancer la phase d'achat ». Celle-ci serait déjà mise en œuvre, toujours selon la Samir. Le premier lot aurait déjà été commandé, le deuxième le serait dans deux semaines. Les travaux de préparation de chantier seraient aussi terminés, explique la Samir. Les travaux de génie civil débuteront, eux, en mai. En attendant, la société a pris attache avec Lafarge, pour un contrat de fourniture en béton armé. La Samir dément par la même occasion tout dissentiment avec les banques extérieures. «Avec nos partenaires étrangers, nous avons franchi des étapes importantes. Plusieurs documents ont été signés. Nous sommes en phase de réglage final ». A la BNP Paribas, Barclays, la BAD, l'AFD et Proparco, partenaires financiers extérieur dans cette opération, d'affirmer ou d'infirmer. Pas de clash aussi si l'on en croit le top management de la Samir, avec les fournisseurs italiens SNAM Projetties et Tecfen. L'optimisme de la Samir est en tout cas non partagé ailleurs, dans les milieux d'affaires marocains, où l'on se fait le porte-voix de nombreuses divergences entre ces banques étrangères et la société marocaine de raffinage. «S'il n'y a pas de problème, pourquoi la Samir tarde à débloquer la part qui lui revient dans le projet ?», riposte un analyste de la place. Une remarque qui ne fait pas faiblir l'assurance des cadres de la compagnie ci-désignée. «Nous devons participer à hauteur de 220 millions de dollars. Nous sommes déjà à 140 millions de dollars ». Pour le reste du montant, poursuit-on depuis le centre de raffinage de Mohammédia, cela relève de la stratégie financière, des choix de notre entreprise. Ce sont peut-être ces choix (vus ailleurs comme des hésitations) qui créent la confusion dans les milieux d'affaires. Du côté du ministère de l'Energie et des Mines qui dit suivre le dossier de très près, on avoue certains problèmes techniques entre les banques internationales et la Samir. Des problèmes techniques qui, ajoutés aux choix financiers de la Samir (qui sait pertinemment que le marché évolue vers la libéralisation) risquent de retarder le démarrage de la modernisation de l'outil industriel de raffineur de Mohammédia.