Des dizaines d'islamistes et sept jeunes internautes, purgeant de lourdes peines pour «constitution de bande ayant pour objet la préparation d'attentats», ont été libérés dans le cadre d'une grâce présidentielle. Après le Maroc, qui a réussi à se réconcilier avec son passé en créant l'Instance équité et réconciliation (IER), et l'Algérie, qui a opté pour la manière forte en imposant à son peuple l'amnésie, c'est au tour de la Tunisie de commencer à s'engager sur cette voie. Le président Zine El Abidine Ben Ali a trouvé la formule : la grâce présidentielle. Des dizaines d'islamistes et sept jeunes internautes purgeant de lourdes peines pour «constitution de bande ayant pour objet la préparation d'attentats» ont été libérés dans le cadre d'une grâce présidentielle. En vertu de cette grâce,1.298 détenus ont été élargis et 359 autres ont bénéficié de la liberté conditionnelle, avait annoncé l'agence officielle TAP. Plus de soixante-dix islamistes, membres du parti Ennahda (Renaissance, interdit), ont été libérés. Parmi eux figurent plusieurs dirigeants du parti, dont le journaliste Hamadi Jebali qui dirigeait le journal d'Ennahda, Al Fajr (L'Aurore), organe d'Ennahda, avait été condamné en 1992 par le tribunal militaire de Tunis à 16 ans de prison ferme pour «appartenance à une organisation illégale» et «tentative de changer la nature de l'Etat par la force». Ces islamistes avaient été condamnés dans les années 90 à de lourdes peines de prison. Ils étaient principalement accusés d'appartenance à Ennahda et de tentative de prise de pouvoir par la violence. Jusqu'à ce jour, quelque 400 islamistes, que les autorités ne considèrent pas comme des détenus politiques, étaient prisonniers en Tunisie, et plusieurs ONG de défense des droits de l'Homme demandaient leur libération, en particulier celle de M.Jebali. Un groupe de sept jeunes internautes, connu sous le nom du "groupe de Zarzis" (ville du sud tunisien), a également bénéficié de cette grâce. Ils avaient été condamnés en avril 2004 à dix-neuf ans et trois mois de prison, une peine ramenée en appel, en décembre 2004, à treize ans, pour "constitution de bande ayant pour objet la préparation d'attentats, tentative de vol et détention de produits explosifs". Les autorités avaient accusé certains d'entre eux de s'être rendus à l'étranger et d'avoir «sollicité le soutien logistique du réseau terroriste Al-Qaïda». La grâce présidentielle comprend également une réduction de peine pour certains détenus, dont le nombre n'a pas été précisé. Les grâces présidentielles, accordées lors de fêtes religieuses ou de la Fête nationale, bénéficient habituellement aux seuls prisonniers de droit commun, mais le président Ben Ali avait déjà accordé l'amnistie en 2004 et 2005 à des dizaines d'islamistes.