Une pluie de chaussures s'est abattue sur Ahmed Maher, le ministre égyptien des Affaires étrangères. Il pleuvait dru. Brodequins, bottes, bottillons, bottines, escarpins, espadrilles, souliers, claquettes, pantoufles, mules, savates, mocassins, babouches, sabots, galoches, tchinkla. Il a tout reçu sur sa tête chauve. Son cuir, peut-on dire, chevelu avait à qui parler. Une pluie de chaussures s'est abattue sur Ahmed Maher, le ministre égyptien des Affaires étrangères. Il pleuvait dru. Brodequins, bottes, bottillons, bottines, escarpins, espadrilles, souliers, claquettes, pantoufles, mules, savates, mocassins, babouches, sabots, galoches, tchinkla. Il a tout reçu sur sa tête chauve. Son cuir, peut-on dire, chevelu avait à qui parler. Hébété, hagard, tétanisé, il s'est fait ramasser comme un enfant tout à coup apeuré par ses gardes du corps d'élite expérimentés qui étaient préparés à contrer tous les projectiles imaginables, mais pas ceux qui tombaient comme une grêle de printemps. Le gars, commotionné, est resté quand même plusieurs heures à la clinique Church de Gaza, sise à la rue Berlutti. Le professeur Weston l'a laissé finalement partir, considérant que le patient ne souffrait que d'un léger coup de pompe. Rien de grave, finalement. Le ministre égyptien avait, auparavant, rencontré Sharon, le célèbre godillot va-t-en guerre israélien pour soi-disant parler d'une paix improbable. Après Maher, toutes ablutions dehors, voulait faire sa prière dans la mosquée d'Al Qods. Mais ce qu'il ignorait, c'est qu'il allait trouver un comité d'accueil chaleureux, droit dans ses bottes, et solidement chaussé. Les Palestiniens considéraient la rencontre avec Sharon comme une trahison supplémentaire, ils en ont l'habitude, et comme - c'est le mot à la mode chez les Arabes - une humiliation additionnelle. Il l'ont caillassé comme Jospin par le passé ,mais avec des pompes. On se croirait à Minen, lors du pèlerinage, pour la lapidation de Satan. «Tiens, salopard de Satan, sept cailloux pour toi et ta descendance maudite, un solde de tout compte pour tout le mal que tu m'as fait.» Pauvre Maher, lapidé comme une femme adultère pour avoir trompé la nation arabo-musulmane avec Sharon, le diabolique. Farouk Kaddoumi a beau présenter ses profondes excuses, elles ne seront pas aussi profondes que la blessure de l'amour-propre égyptien qui, comme chacun ne sait pas, est à fleur de peau de zébu. Avec cette histoire, ils vont nous faire, bien sûr, des chansons, mais aussi des feuilletons, des films, des pièces de théâtre et des numéros de claquettes avec comme musique originale, évidemment, “My blue sweet shoes” d'Elvis Presley. Le monde arabe, quelle ambiance ces derniers temps. Une fête d'enfer…