Pour Rachid Talbi Alami, ministre des Affaires économiques et générales, l'indexation de certains produits pétroliers sur les cours internationaux réduirait la pression sur le budget de l'Etat. Il précise que la variation des prix se fera également à la baisse, à raison de 2% du prix initial. ALM : La décision d'un retour à l'indexation des prix de produits pétroliers sur les cours internationaux a été prise il y a plusieurs mois, mais son entrée en vigueur n'a eu lieu que jeudi 9 février 2006. Pourquoi ce retard ? Rachid Talbi Alami : Le gouvernement a décidé, il y a plusieurs mois, de remettre en application le système d'indexation pour certains produits pétroliers. C'est une décision qui avait besoin d'une mûre réflexion. La commission interministérielle chargée de la révision des prix s'est réunie à plusieurs reprises, avec pour objectif de procéder à une indexation qui ne menacerait pas l'équilibre de l'économie marocaine. Il fallait étudier tous les tenants et les aboutissants de cette décision collégiale à laquelle ont été associés les ministères de l'Intérieur, des Finances, de l'Energie et des Mines. Le Premier ministre a voulu, par la suite, associer les départements de l'Agriculture et des Transports, puisqu'ils sont très touchés par les fluctuations des prix des produits pétroliers. Et ce n'est que lors de la réunion du mercredi 8 février que le gouvernement a décidé de remettre en application le système d'indexation pour certains produits pétroliers, trois sur un total de cinq, à savoir l'essence super, le gasoil 350 et le fuel industriel. Les autres produits restent soumis au système de compensation. Sur quelle base s'est effectué le choix de ces produits ? Ce ne sont pas des produits pétroliers qui concernent l'ensemble de la population ni la grande consommation. L'impact de l'indexation ne sera donc pas grand sur le pouvoir d'achat des Marocains. A titre d'exemple, le gasoil normal, qui représente 47 % de la consommation nationale en produits pétroliers, et le pétrole lampant ne seront pas soumis au système d'indexation. Les travaux de la commission interministérielle et sa décision se sont basés sur trois considérations : le pouvoir d'achat de la population, l'approvisionnement du marché national et l'équilibre budgétaire de la Caisse de compensation. Quel sera le manque à gagner pour le budget de l'Etat ? Difficile de le quantifier, tant que les cours du pétrole sont en perpétuelles fluctuations sur les marchés mondiaux. Le budget de la Caisse de compensation pour 2006 est de l'ordre de 12 milliards DH, pour l'ensemble de ces produits. En 2005, les produits pétroliers ont dévoré près des deux tiers de ce budget. Il était impensable que l'Etat continue à réserver des sommes colossales à cette compensation. Le seul budget débloqué concerne la liquidation des arriérés des pétroliers qui, à fin 2005, était de l'ordre de 4,7 milliards DH. En outre, davantage d'arriérés compliqueraient la situation du marché et mettraient en péril l'équilibre de son approvisionnement. La variation des prix se fera-t-elle également dans le sens contraire, celui de la baisse ? En effet, qui dit indexation dit variation des prix à la hausse comme à la baisse. Pour vous situer dans le contexte de cette mesure, le système d'indexation consiste à répercuter sur les prix de vente, à la hausse ou à la baisse, les fluctuations des prix internationaux. Actuellement, les cours du pétrole sur le marché international se situent au niveau des 63-64 dollars le baril. C'est ce qui a justifié la hausse des prix. Si dans les mois qui viennent, les prix baissent, les prix à la pompe baisseront aussi. Et pour éviter un cafouillis dans ce changement continu de prix, le gouvernement a décidé l'indexation si la variation dépasse les 2 % du prix initial.