Pour le nouveau responsable de l'Union démocratique (UD), Mohamed Fadili, Bouazza Ikken a été écarté pour des raisons de santé et d'unilatéralisme dans la gestion des affaires du parti. ALM : Pour quelles raisons avez-vous écarté Bouazza Ikken de la présidence de l'UD et gelé ses activités en tant que membre du Bureau politique ? Mohamed Fadili : Bouazza Ikken devait être écarté il y a longtemps, pour des raisons aussi bien de santé et autres considérations intellectuelles. M. Ikken fait partie d'une génération révolue, mais son machiavélisme et ses moyens matériels lui ont permis de s'éterniser au parti. Du moment que le président du parti constituait un obstacle à son évolution, il est devenu impératif de l'écarter de la présidence de notre formation politique. D'où l'initiative du Bureau politique de l'UD de le déstituer. Cette décision a été prise par les 2/3 du Bureau politique, qui ont décidé, conformément au statut interne du parti, de geler également ses activités au sein du Bureau politique. Pour cela, nous avons réuni toutes les instances du parti, entre autres le Conseil national et la commission disciplinaire. L'intervention de cette commission ne se fait qu'en cas de fautes gravissimes. Que reprochez-vous concrètement à M. Ikken ? M. Ikken a commis plusieurs fautes. La première remonte à la période du remaniement du gouvernement, il a agi de manière unilatérale en proposant sans concertation aucune avec le Bureau politique une liste de candidats à des portefeuilles ministériels qui a d'ailleurs été rejetée. Et puis, M. Ikken n'a pas respecté la volonté du parti de fusionner avec la mouvance populaire (MNP et MP), sachant bien que la réalisation du projet de fusion pourrait lui coûter son poste à la tête du parti. En troisième lieu, M. Ikken est responsable de la mise à mort de toutes les instances de l'UD. Le statut du parti stipule la répartition des tâches entre ses différentes instances, et que chacune élabore son plan d'action de manière autonome et indépendante avant de le soumettre à l'approbation du Bureau politique. Cela n'a pas été respecté. Depuis quatre ans, aucun montant n'a été débloqué pour la mise en œuvre des programmes des instances du parti. Vous allez peut-être me demander pourquoi ? Parce que M. Ikken, en plus de sa non-réactivité, n'accepte pas que quelqu'un dans le parti puisse lui faire de l'ombre. Mais les avoirs de votre parti ont été gelés depuis quelque temps ? Serait-ce par manque de transparence ? Depuis quatre ans, aucun rapport sur la situation financière du parti ne nous a été remis. A l'instant même où je vous parle, nous ne savons pas encore le montant de la subvention octroyée par l'Etat à notre parti. Maintenant que vous avez été désigné à la tête du parti, que comptez-vous faire ? Je dois d'abord préciser que je n'ai à aucun moment postulé pour ce poste, sachant que ma désignation a été décidée par mes amis au Bureau politique dans la perspective d'assurer le projet de fusion avec la mouvance populaire. A ce propos, je suis en train de préparer, en parfaite concertation avec quelques membres du Bureau politique, ce projet d'union. Nous allons le soumettre à l'appréciation des instances du parti qui pourront, bien entendu, y introduire les amendements nécessaires. Notre souhait est que ce projet soit à la hauteur des attentes de nos partenaires dans la mouvance populaire. Je pense qu'il est temps de tirer profit de l'expérience politique des pays démocratiques qui ont opté pour le bi-polarisme ou le tri-polarisme dans l'objectif de garantir le principe d'alternance dans la gestion de la chose publique. Si nous parvenons à appliquer cette expérience, nous allons réussir à mettre un terme à l'éclatement du paysage politique national, et en finir avec la confusion qui aboutit maintenant au fait que les programmes électoraux se ressemblent, au point que le citoyen ne sait plus à «quel parti se vouer».