Abandonnée par celui qui lui a promis le mariage, Malika, une jeune collégienne casablancaise, âgée de quinze ans, a sombré dans la prostitution. Vêtue d'une chemise blanche, d'une veste et d'un pantalon noir et portant un cartable en bandoulière, Malika vient de sortir de son collège, dépendant de la délégation de l'enseignement de Casablanca-Anfa. Elle avait l'air triste. Elle n'a même pas voulu engager de conversation avec ses camarades de classe. Seule, elle emprunte le chemin qui la conduira chez elle. Son enseignante, l'aurait-elle admonestée pour ne pas avoir appris ses leçons ? Ayant l'esprit ailleurs, elle marchait avec nonchalence, les yeux fixant le sol. Un moment plus tard, elle entend une voix masculine pronnonçant des mots mielleux. Elle était curieuse de savoir l'homme qui s'est intéressé à elle. Cependant, elle était si triste qu'elle n'a même pas levé ses yeux pour le regarder. Ainsi, elle continuait à marcher en traînant le pas. Toutefois, le jeune homme ne renonçait pas. Il tente encore une fois sa chance auprès d'elle. Il lui a exprimé les plus belles paroles d'amour. La jeune fille lui lance un regard perçant. Et c'est le coup de foudre. Un léger sourire se dessina sur ses petites lèvres. Malika, qui n'avait jamais eu de relation amoureuse avec quelqu'un, a succombé rapidement au charme du jeune séducteur, Karim. Ce jeune homme de vingt ans a réussi à avoir un rendez-vous avec elle dans un café du centre-ville. La jeune collégienne était aux anges. C'est la première fois qu'elle a un rendez-vous avec un homme. Et c'est la première fois qu'elle valorise sa féminité par un beau maquillage. Les rencontres se multiplient et se succèdent. Ils s'attablaient souvent dans un café. Ils rentraient également au cinéma de temps en temps. Un jour, Karim lui a proposé d'aller chez lui pour faire l'amour. Elle a accepté sans hésitation. Les deux tourtereaux se rencontraient et partageaient le même lit. Malika, qui n'est qu'à son quinzième printemps, ignorait la fin de son aventure. Elle n'a compris son erreur que le jour où son amant lui a annoncé son départ vers l'Espagne. "Que devrai-je faire ?", lui a-t-elle demandé. Il lui a répondu qu'une fois qu'il rentrera au pays, il se présentera devant ses parents pour la demander au mariage. Il lui a ainsi demandé d'attendre son retour. Une promesse qui s'est évaporée depuis le jour où il a pris l'avion. La preuve est qu'il n'a plus donné signe de vie. Il ne lui a jamais téléphoné ni envoyé une lettre ni un courrier électronique. Depuis, elle n'est plus la même personne. Au fil des mois, ses parents ont remarqué le changement de son comportement. Elle entrait et sortait comme bon lui semble. Son téléphone portable sonne souvent et ses conversations avec ses interlocuteurs durent longtemps. En plus, elle est devenue très solitaire. Ces changements ont poussé son père à la surveiller. Un jour, alors qu'elle s'apprêtait à monter dans un immeuble du quartier Maârif son père l'a surprise. Il lui a demandé ce qu'elle est venue y faire. «Je suis venue rendre visite à une amie», a-t-elle balbutié. Son père lui a demandé son numéro de téléphone. Elle le lui a donné. Il l'a composé. Une fille lui a répondu en lui confirmant qu'elle est bel et bien l'amie de sa fille. « Mais je n'habite pas au quartier Maârif », a-t-elle affirmé. Une réponse qui a mis le père hors de lui. A la maison, il a malmené Malika qui a fini par tout lui avouer. Elle lui a raconté son histoire avec Karim. Elle lui a même avoué qu'elle s'adonnait à la prostitution. Affolé, le père a conduit son unique fille au commissariat de police. Entendue par les enquêteurs de la police judiciaire préfectorale, elle a affirmé qu'elle fréquente souvent l'appartement du quartier Maârif, appartenant à un jeune marocain, pour rencontrer son client de nationalité française et d'origine algérienne. Celui-ci et le propriétaire de l'appartement ont été arrêtés pour être traduits devant la justice. Ils sont poursuivis pour détournement d'une mineure, attentat à la pudeur et aménagement d'un lieu de débauche.