Le 8 mars 2000, les islamistes avaient organisé à Casablanca une grande manifestation pour exprimer leur rejet du «Plan d'intégration de la femme». Simultanément, les partisans de la réforme du statut personnel de la femme s'étaient donné rendez-vous à Rabat pour soutenir ce projet. Rarement sujet aura autant divisé la société marocaine. Le 8 mars 2000, qui coïncide avec la Journée internationale de la femme, deux grandes manifestations se déroulaient en même temps. Dans une tentative de démonstration de force, les islamistes avaient choisi la plus grande ville du Royaume, Casablanca, pour organiser une marche de protestation contre le projet de réforme du statut personnel de la femme. Les progressistes, eux, avaient jeté leur dévolu sur la capitale, Rabat, pour exprimer leur soutien au « Plan d'intégration de la femme» proposé par le gouvernement d'Alternance et dont Mohamed Saïd Saâdi, à l'époque ministre chargé du dossier, a fait les frais. Avec cette double manifestation, les camps étaient nettement définis: celui des forces rétrogrades farouchement opposées à l'émancipation de la femme, et celui des forces démocratiques défendant bec et ongles les droits de la femme. Du côté des islamistes, l'opposition était aussi virulente qu'anachronique. Contrairement à la marche de Rabat, celle de Casablanca a été marquée par de violents incidents. Ces derniers n'étaient, pourtant, pas pour faire plier une société acquise aux valeurs de démocratie, de modernité et de progrès. Le 21 juin 1993, le Royaume avait bien adhéré à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discriminations à l'égard des femmes. Un choix que confirmera plus tard la Constitution de 1996, dans laquelle le Royaume réaffirme son attachement aux «droits de l'Homme tels qu'ils sont universellement reconnus ». Avec l'accession au Trône de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, un pas historique sera franchi pour une émancipation appelée des vœux et luttes populaires. Le « Plan d'intégration de la femme », revu et corrigé par l'Istqlalien M'Hammed Boucetta, sera bel et bien adopté. Une décision, qui a eu la bénédiction de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et qui sera accueillie dans le monde entier avec beaucoup d'enthousiasme. Grâce à cette sage décision, le Maroc est aujourd'hui considéré comme l'un des premiers pays, en Afrique et dans le monde arabe, à avoir réhabilité la femme en tant que citoyenne à part entière.