Le quotidien Attajdid a tiré à boulets rouges sur le projet de stratégie d'intégration de la femme dans le développement, élaboré par le secrétariat d'Etat chargé de la Famille, de l'Enfance et des Personnes handicapées. Le PJD (Parti de la justice et du développement) tire sur le Secrétariat d'Etat chargé de la Famille, de l'Enfance et des Personnes handicapées. Dans une sortie médiatique sur les colonnes du quotidien Attajdid du vendredi 27 janvier, le parti descend la nouvelle stratégie de Yasmina Baddou pour l'intégration de la femme dans le développement, appelée « stratégie nationale de l'équité et l'égalité des sexes basée sur l'approche genre dans les projets de développement ». L'édition d'Attajdid du week-end dernier a en effet consacré toute une page à détailler ledit projet point par point. Une grande manchette en «Une» renvoyait à cette page. «Stratégie pour l'équité et l'égalité ou stratégie féministe extrémiste centrée autour de la femelle ?», tel est le titre choisi pour cet article et telle est vraisemblablement la question que voulait soulever Attajdid. Ce dernier prononce ainsi, dès le départ, sa sentence sur la nouvelle stratégie de Yasmina Baddou. Une stratégie qu'il accuse de vouloir privilégier les références internationales, même dans le cas où celles-ci « sont en contradiction avec notre référentiel islamique». Selon l'auteur de cet article, cette stratégie serait fondée sur une vision féministe du monde, basée sur une conception conflictuelle et concurrentielle entre l'homme et la femme. Alors que « La relation entre l'homme et la femme, dans la conception islamique, repose sur la justice, l'équité et l'égalité. Il s'agit d'une égalité complémentaire et non pas d'une égalité symétrique, arithmétique et mécanique », conclut l'article. Pour l'auteur de cet article, ce Secrétariat d'Etat essayerait de faire passer ce plan «en invitant les partis politiques et la société civile à une consultation formelle tardive». Contacté à ce sujet par ALM, M. Yatim n'a cependant pas voulu répondre à nos questions. Ainsi, après le tollé précédemment soulevé par le Plan d'intégration de la femme dans le développement, la publication islamiste crie à nouveau au scandale. Elle considère en fait cette stratégie comme « une nouvelle tentative pour faire entrer l'ancien plan d'intégration de la femme par la fenêtre du secrétariat d'état chargé de la Famille», lit-on dans ce texte qui accuse par ailleurs certaines associations féministes de revenir à la charge après avoir ficelé l'ancien plan en le présentant sous un nouveau nom « séduisant ». Contactée par ALM, Yasmina Baddou a insisté sur le fait que la stratégie est toujours au stade de projet. Le PJD se serait ainsi prononcé sur cette stratégie d'une manière plutôt hâtive. Selon la secrétaire d'Etat, il ne s'agit là que d'une première mouture de la stratégie. Une mouture qu'elle a envoyée aux partis politiques pour qu'elle soit par la suite discutée et pour que chacun apporte ses observations. Mme Baddou voulait en fait que toutes les sensibilités politiques adhèrent à son projet. Elle a par ailleurs précisé que la stratégie, bien qu'elle ait été réalisée en partenariat avec l'Agence de coopération allemande, n'a rien de contraire à nos valeurs musulmanes et que ce n'est pas une partie étrangère qui l'a imposée. Précisons, par ailleurs que le concept d'intégration de la dimension de genre n'est pas une nouveauté au Maroc. Le budget national pour l'année 2006 comprend en effet une annexe spéciale sur la manière d'aborder les priorités en matière d'équité de genre. Réalisé par le gouvernement, le Rapport genre résume les implications du budget national et local en la matière. Pour que le concept soit plus clair, il est important de souligner que l'intégration des questions de genre consiste à évaluer les implications des femmes et des hommes dans toute action planifiée comprenant la législation, les procédures ou les programmes dans tous les domaines et à tous les niveaux. Cette stratégie permet d'intégrer les préoccupations et les expériences des femmes et des hommes à la conception, à la mise en œuvre, au contrôle et à l'évaluation des procédures et des programmes dans toutes les sphères politiques, économiques et sociales pour qu'ils en bénéficient de manière égale et que l'inégalité actuelle ne soit pas perpétuée. Cette dernière sortie médiatique du PJD ne contribuera finalement qu'à saper cette stratégie visant la promotion de la condition de la femme. Suite à cette position, la réaction des féministes ne doit pas se faire attendre.