La réconciliation faite et le pardon acquis, plus rien dans le passé contemporain du pays, n'en déplaise aux nihilistes qui ont fait de la mémoire des victimes leur fonds de commerce, ne doit en principe freiner sa marche vers le progrès et plus de démocratie. Les cas les plus emblématiques de la disparition forcée au Maroc sont en train d'être élucidés. Récemment, la tombe de Abdelhak Rouissi, enlevé le 4 octobre 1964 sans donner signe de vie depuis cette date, a été découverte dans une zone à Casablanca. Les recherches pourraient aboutir dans les jours à venir à la découverte, à Témara, de celle de Houcine Manouzi, mystérieusement disparu en octobre 1972. Les familles des deux célèbres disparus, après des années de souffrance et d'attente douloureuse, peuvent désormais faire leur deuil. Mais il ne faudrait pas oublier ces militants qui ont fait les frais de l'arbitraire comme beaucoup d'autres. Donner leurs noms à des rues, des boulevards ou des édifices culturels serait une manière de perpétuer leur mémoire. Reste l'énigme de l'affaire compliquée de Mehdi Ben Barka que les investigations de l'IER n'ont pas réussi à résoudre. Aucune trace au Maroc du cadavre du leader de la gauche marocaine (qui a fait l'objet de nombre de thèses et de spéculations farfelues). Et pour cause, il a été enlevé et assassiné à Paris et non pas au Maroc. Et c'est dans la capitale hexagonale qu'il convient logiquement de mener l'enquête. Peut-être que les autorités judiciaires françaises peuvent aider dans ce sens de telle sorte de connaître enfin la vérité sur une histoire vieille de plus de quarante ans et qui n'en finit pas de revenir au-devant de la scène souvent de manière très peu saine. Le Maroc a tourné la page des années de plomb dans une volonté farouche exprimée au plus haut niveau de l'État de faire sauter les verrous du passé pour se consacrer pleinement au développement économique et humain où le pays a accusé un retard important. Le droit d'inventaire sur les cinquante dernières années, établi sur décision royale, en témoigne de façon claire et sans équivoque. La réconciliation faite et le pardon acquis, plus rien dans le passé contemporain du pays, n'en déplaise aux nihilistes qui ont fait de la mémoire des victimes leur fonds de commerce, ne doit en principe freiner sa marche vers le progrès et plus de démocratie. Le Royaume a perdu beaucoup de temps dans la confrontation et la politique politicienne alors qu'il avait les moyens de se rassembler autour d'objectifs ayant trait essentiellement au bien-être du citoyen. Le CCDH, qui a pris le relais après la fin de la mission de l'IER, a pour tâche de mener le processus de réconciliation à son terme en mettant en œuvre les recommandations de l'Instance. À la tête d'une importante délégation, Driss Benzekri se trouve justement depuis quelques jours en tournée à l'étranger pour expliquer une expérience marocaine vivement saluée. De Washington, à Londres en passant par Paris et Berlin, le Royaume a gagné sans conteste en image de marque qui, il y a une décennie encore, était passablement ternie à l'international par les violations des droits de l'Homme.