La grande partie des Méditerranéens est déterminée à vivre en un espace paisible. Les multiples rencontres qui fleurissent ici et là, augurent d'une quête d'un terreau de paix et de développement. Certes, les obstacles sont considérables, mais la volonté de les contourner semble prendre le droit chemin. Le thème de la rencontre de ce lundi et mardi à Rabat : "Euro-Méditerranée, identité et destin" illustre mieux cette tendance à l'identification de l'entité méditerranéenne, mais aussi et surtout à la franchise entre partenaires égaux. Il s'agit de réussir ce défi, érigé jusqu'ici en forteresse imprenable. Pour le Maroc, comme pour beaucoup de ses compères de la rive sud du bassin, ce succès dépend de davantage d'engagement de la partie européenne. Beaucoup de chefs d'Etats et de gouvernement ont mis l'accent lors du premier Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des 25 pays membres de l'Union européenne et les 10 pays méditerranéens impliqués dans le partenariat euro-méditerranéen, sur la nécessité pour l'Europe d'avoir une politique africaine. Il y a dix ans de cela, et plus précisément à Barcelone, beaucoup d'engagements ont été pris, sans pour autant qu'ils soient traduits dans les faits. Un constat qui fait l'unanimité des dirigeants étatiques comme des ONG. Les peuples des pays de la rive Sud s'attendaient plutôt à une coopération équitable et surtout à un développement assisté par les voisins du Nord. Membre actif de la société civile, Kamal Lahbib, constate que "l'échec quasiment total de la vision de Barcelone reflète l'écart flagrant entre discours et traduction dans les faits". Les volets qui en pâtissent, a-t-il ajouté, balancent entre l'économique, le politique et l'action civile. Les dix dernières années ont apporté la preuve que rares ceux qui sont satisfaits du bilan du processus de ce projet méditerranéen. Certes, l'importance stratégique d'un espace méditerranéen est indéniable, mais la réalité fait monter un bassin dont les rives sont meublées de guerres et de différends politiques. Les multiples organismes se sont avérés vulnérables face à cette situation de non stabilité qui marque plusieurs endroits du pourtour. D'ailleurs, si le constat d'échec est là, cela est bien dû à ce que le processus "n'a pas réussi à honorer" un de ses engagements majeurs, à savoir le règlement pacifique du conflit israélo-palestinien qui continue d'entraver l'intégration régionale. Si l'Euromed 2005 a été marqué par cette fracture entre le Nord et le Sud du bassin, les observateurs pensent que désormais, toutes les rencontres devraient focaliser sur la réduction de ce fossé qualifié par le premier ministre marocain M. Driss Jettou de "différentiel important en termes de développement". Un seul train ne peut aller à deux vitesses. En plus, il ne sert plus à rien de contraindre les pays du sud de la Méditerranée à faire de la sentinelle avancée contre le flux migratoire. Par Mustapha Elouizi (MAP)