L'Association des parents et amis des enfants inadaptés (APAEI) à Casablanca fermera ses portes à partir d'aujourd'hui. Les parents comptent protester devant le siège de cet établissement. Explications d'Ali Redouane, président de l'APAEI. ALM : Votre association compte suspendre ses activités à partir d'aujourd'hui. Quelles sont les raisons de cette décision ? Ali Redouane : Nous sommes en fait obligés de suspendre les activités de l'APAEI pour des délais indéterminés. Cette suspension n'est autre que le résultat de fortes pressions exercées sur notre association. Tous les comptes bancaires de l'APAEI sont bloqués suite à une décision judiciaire prononcée dans le cadre d'un procès de licenciement abusif. Ce sont deux ex-employés de cet établissement, condamnés par ailleurs pour abus de confiance, qui ont induit la Justice en erreur. C'est pour cela que nous nous retrouvons aujourd'hui contraints de fermer les portes de cette association qui s'occupe de 400 enfants. De quoi s'agit-il au juste ? En fait, il s'agit de deux employés de l'APAEI qui ont été condamnés chacun à 10 mois de prison ferme dans l'affaire de malversation et de détournements de fonds impliquant l'ex-président de l'association. La prochaine audience de cette affaire est prévue à la Cour d'appel le 2 février prochain. Il se trouve que ces deux personnes ont intenté un procès contre l'APAEI pour réclamer des indemnités pour licenciement abusif. Et ils ont obtenu gain de cause avec la condamnation de l'association qui doit aujourd'hui leur verser près de 300.000 dirhams. C'est absurde. Ils ont opéré, sur ordre du tribunal, des saisies-arrêts sur l'ensemble des comptes bancaires de l'association. Pourquoi n'avez-vous pas intervenu lors de ce procès ? Vers la fin du mois de juillet 2005, ces personnes condamnées ont déposé une plainte pour licenciement abusif contre l'association. Au début du mois d'août, le tribunal de première instance de Casablanca nous a adressé une convocation dans ce sens. Et puisque l'association ferme ses portes durant ce mois, nous n'étions donc pas au courant de cette convocation. C'est ainsi que le tribunal a condamné par contumace l'association à verser aux plaignants une somme avoisinant les 300.000 dirhams. Le problème est que le délai légal pour interjeter appel a expiré, et par conséquent le jugement est devenu définitif. C'est seulement lors des saisies-arrêts des comptes que nous avons appris que ces deux personnes, accusées de détournements de fonds, demandent des indemnités de la part de l'association ! Que comptez-vous faire aujourd'hui ? Il faut noter que ces deux personnes n'ont été en aucun moment licenciées de l'association. Bien avant les condamnations prononcées à leur égard par la justice, ils ont refusé de rejoindre leurs postes. En témoigne d'ailleurs un document du syndicat des salariés de l'APAEI qui mentionne clairement leurs noms parmi ceux qui refusaient de travailler. C'est ainsi que nous avons déposé un recours en justice expliquant ces détails et indiquant que ces gens-là ont été condamnés par la même juridiction pour abus de confiance, falsification de documents, détournement de fonds et mauvaise gestion. Mais, c'était trop tard ! Les parents d'enfants de l'APAEI comptent protester aujourd'hui devant le siège de cette association. En tant que président et père aussi, je souhaite l'intervention du ministre de la Justice pour mettre un terme à ce calvaire concernant 400 enfants inadaptés. C'est l'avenir de 400 familles qui est en jeu.