Plus de deux millions de musulmans sont arrivés dimanche dans la cité de Mena, premier jour du "Hadj" (pèlerinage) aux Lieux Saints de l'Islam en Arabie Saoudite. Cette année, a précisé le vice-ministre saoudien de l'Intérieur, Mohammad Ben Nayef ben Abdel Aziz, l'Arabie Saoudite a accueilli plus de 1,557 million de fidèles de 177 nationalités, venus accomplir leur pèlerinage à La Mecque, soit une hausse de 1,2% par rapport à l'année dernière. Ces chiffres "n'incluent pas les Saoudiens, les étrangers vivant en Arabie et ceux venus par leurs propres moyens en dehors des circuits organisés", a précisé le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Mansour Al-Turki, laissant entendre que le nombre des fidèles pourrait atteindre cette année les 2,5 millions de pèlerins. Aux premières heures de la matinée de lundi, les fidèles vêtus du «Iharam» (tunique immaculée) ont, par un temps clément, afflué au Mont Arafat, en bus ou à pied, depuis la vallée de Mina, plus au nord, où ils ont passé la nuit sous des tentes ou en campant dans les rues. Les autorités saoudiennes ont déployé un nombre record de 60.000 agents de sécurité, de santé et de secours pour faire face à tout imprévu durant le Hadj : incendies, bousculades, intempéries, intoxication alimentaire, attentats terroristes et même contre les risques de propagation de la grippe aviaire. Quatorze hôpitaux et des dizaines de dispensaires sont prêts à toute éventualité. Les autorités sanitaires craignent cette année qu'une telle concentration de fidèles crée les conditions propices à l'apparition d'une pandémie de grippe aviaire. L'Arabie Saoudite a dit avoir acheté pour sept millions de dollars de Tamiflu, un antiviral qui réduit la virulence de la grippe aviaire s'il est pris dans les jours suivant l'apparition des premiers symptômes de cette infection mortelle. Le gouvernement a réorganisé l'accès au site où les pèlerins doivent passer trois jours, à compter de mardi, et il a promis de les empêcher d'y camper. Les deux millions de pèlerins devaient passer toute la journée du lundi au pied du Mont Arafat, près de La Mecque, pour l'accomplissement du plus important rite du Hadj. Le rassemblement sur le Mont Arafat, où le Prophète Sidna Mohammed a prononcé son dernier sermon, il y a 14 siècles, symbolise l'attente des hommes, le jour du Jugement dernier. Les pèlerins devaient réciter jusqu'au coucher du soleil, des prières pour implorer le pardon de Dieu. Les fidèles devaient aussi accomplir les prières accouplées du Dohr et d'Al Aâsr sur le Mont Arafat et notamment à la mosquée Namira et devraient ensuite effectuer les prières du Moghreb et d'Al Ichaa ensemble à Mozdalifa avant de repartir pour Mena, où ils doivent accomplir ce mardi le plus dangereux rite du Hadj: la lapidation de trois stèles symbolisant Satan, suivie de l'immolation, le jour de Aïd Al Adha et d'Attawaf (la circumambulation). Des bousculades sur les lieux de la lapidation avaient fait 250 morts en 2004, et 1.426 morts en 1990. "Cette année, nous avons élaboré un plan spécial pour canaliser les pèlerins vers les jamarat (les stèles)", a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Mansour Al-Turki, précisant que les piétons pourront emprunter trois routes principales, alors que deux nouveaux tunnels ont été construits pour le transport des pèlerins en bus jusqu'au secteur des stèles. L'effondrement jeudi dernier d'un hôtel vétuste à La Mecque a déjà fait 76 victimes et des dizaines de blessés parmi les pèlerins de diverses nationalités. La police s'évertue à régler la circulation, appelant les fidèles par haut-parleurs à ne pas obstruer les rues.