L'orientation est une étape capitale dans la vie des collégiens. Un seul faux-pas et l'avenir devient incertain. Les élèves en classes préparatoires en économie et commerce sont dans une impasse totale, faute justement d'orientation. L'orientation occupe une place capitale dans les collèges marocains. Les Centres d'information et d'orientation (CIO) conseillent les élèves et les répartissent selon leurs performances scolaires. «Notre rôle, c'est d'orienter les élèves en se basant sur leur notation, les informer sur les différentes spécialités mais en aucun cas, nous ne pouvons nous prononcer sur la qualité d'une formation ou sur les débouchées d'une autre», explique une conseillère d'orientation dans un CIO à Casablanca. Le problème avec l'orientation telle qu'elle se fait aujourd'hui est son manque de sincérité. On reproche souvent aux CIO de donner des informations vagues et dépourvues de toute précision. Les étudiants en classes préparatoires en économie et commerce illustrent parfaitement cette situation. Sara et Leïla sont inscrites à ces classes préparatoires au lycée Al Khansa à Casablanca. Elles n'ont pas mis le pieds dans un CIO et aucun conseiller d'orientation n'est jamais venu à leur collège. « Nous ignorions tout sur les classes préparatoires. Vers la fin de l'année scolaire, notre collège nous a informées de la possibilité de s'inscrire en préparatoires économiques. L'unique condition posée : une note égale ou supérieure à 14 avec mention. Nous pensions que c'était une occasion à ne pas à rater puisque nous étions convaincues qu'avec ces classes préparatoires, nous aurions la possibilité de passer le concours des grandes écoles de commerce notamment l'ISCAE et l'ENCG.» En fait, nos étudiantes ont confondu les classes préparatoires économiques avec les classes préparatoires scientifiques. «Ceux qui sont inscrits en classes préparatoires scientifiques peuvent effectivement passer les différents concours nationaux mais pas ceux qui ont choisi de faire les classes préparatoires en économie. Ces derniers n'ont qu'à assumer leur choix. Ils n'avaient qu'à bien s'informer », indique la conseillère d'orientation. Tout le problème vient de cette confusion. « Nous n'avons jamais rencontré de conseiller d'orientation. La direction du collège avait simplement affiché l'information sans donner de détails», tient à préciser Leïla. Ce qu'elles ignorent aussi c'est que l'ISCAE et l'ENCG acceptent uniquement les bacheliers. Les bac + 2 ne sont pas concernés par le concours. Comment les élèves pouvaient-ils savoir tout celà s'ils n'ont jamais vu de conseillers d'orientation ? C'est souvent après leur inscription que les étudiants se rendent compte de leur situation. « Nos deux années préparatoires ne servent à rien. Nous n'avons pas de diplôme. Notre avenir est limité à deux choix : passer le concours de préparation d'agrégation, autrement dit, devenir professeur de l'enseignement secondaire et franchement ça ne me dit rien du tout, ou partir en France et pour cela il faut beaucoup de moyens», ajoute Sara. Ce dilemme n'est pas nouveau. La première promotion s'était déjà confrontée à cette même épreuve en 2003. Une majorité avait alors opté pour l'enseignement puisqu'elle n'avait pas les moyens de se payer des études à l'étranger. Malika Aouragh, lauréate de cette promotion et aujourd'hui enseignante au lycée Al Khansa, s'en souvient : «il n'y avait pas de promotion avant la nôtre, nous n'avions donc aucun exemple à suivre. Par contre, ceux qui choisissent cette spécialité aujourd'hui doivent assumer leur part de responsabilité. C'est un problème qui dure depuis bientôt trois ans, ils auraient dû s'en douter ». Sara, Leila et beaucoup d'autres ne se sont rendu compte que beaucoup plus tard, lorsqu'ils n'ont plus eu le temps de faire marche arrière. « Le problème qui existe aussi, c'est qu'une fois les étudiants de la 1ère année comprennent qu'il n'y a pas de débouchés, ils décident de tout laisser tomber et de recommencer ailleurs. Et c'est ce qu'on pense faire si le problème n'est pas résolu d'ici peu », renchérit Leïla. Selon Brahim Machay, chargé d'information et d'orientation au ministère de l'Education nationale, une solution pourrait voir le jour d'ici la fin de l'année scolaire..