A l'occasion de l'acquisition de l'ensemble de ses films documentaires Inédit, l'Institut du Monde Arabe de Paris célèbre la cinéaste documentariste marocaine Izza Génini le 6 décembre 2022. C'est à l'occasion de l'intégration de son œuvre documentaire dans les collections audiovisuelles de la bibliothèque. «À travers son travail de productrice et surtout de réalisatrice, Izza Génini a œuvré à faire connaître le patrimoine musical et les cultures populaires du Maroc. La bibliothèque est fière de compter dans ses fonds audiovisuels l'intégralité de ses films documentaires, distingués dans de nombreux festivals à travers le monde. L'occasion de lui rendre cet hommage, avec la projection d'extraits de ses films, suivie d'un échange avec un invité...», peut-on lire sur le site de l'IMA. Izza Genini et l'IMA : Une relation ancienne Il faut dire que l'histoire qui lie Izza Génini à l'IMA remonte aux origines de l'Institut. En effet, dès les années 1980, l'IMA participe financièrement à trois de ses documentaires, sortis en 1988, en l'occurrence «Aïta», «Des luths et délices» et «Louanges». «À l'ouverture de l'IMA, en 1987, les documentaires de Izza Genini sont régulièrement présentés au public, à l'occasion de cycles cinématographiques et de festivals», indique la même source. Et d'ajouter: «Elle est également invitée à des rencontres pour parler de ses films. Il est donc tout naturel que la bibliothèque puisse désormais proposer, aux spécialistes comme à l'amateur, l'intégralité de ses films sur le Maroc, dont le propos correspond si bien à la mission de l'IMA : faire découvrir et mieux comprendre la culture du monde arabe au public français». Ses œuvres sur les cultures populaires du Maroc Première femme documentariste, ses films sont marqués par la volonté de témoigner de la singularité culturelle du pays, de la richesse de son patrimoine musical et de sa capacité à se perpétuer, en l'occurrence «Nûba d'or et de lumière» (réalisé en 2007), «Tambours battants», «Pour le plaisir des yeux», «La Route du cédrat», «Voix du Maroc : Maroc corps et âme», «Retrouver Oulad Moumen», «Maroc en musiques», «Maroc corps et âme», Un parcours acharné Née en 1942 à Casablanca, «marocaine de naissance et d'ascendance», Izza Génini quitte le Maroc en 1960 pour vivre en France. Après des études de lettres et de langues étrangères à la Sorbonne et à l'Ecole des Langues Orientales, elle s'engage dans le cinéma. Chargée de l'accueil et des relations extérieures aux Festivals de Tours et d'Annecy, elle prend ensuite la direction de la salle de projection privée, le Club 70, lieu de rencontres des professionnels de cinéma. En 1973, elle crée avec Louis Malle et Claude Nedjar la société SOGEAV (aujourd'hui OHRA) pour le rachat de la salle qui développera par la suite la promotion de films marocains : «Mille et une mains», «Alyam», «Transes»…, et l'exportation de films en Afrique comme «Rue Case-nègres», «Bob Marley», «Reaggae», «Sunsplash»…, ainsi que la distribution en salles des films Baiser de Tosca, Ablakon… En 1987, après avoir produit quelques longs-métrages (dont, en 1981, «Transes», réalisé par Ahmed El Maanouni) et alors que ferme la salle de projection, Izza Génini se lance dans la réalisation de films documentaires. Par ailleurs, la cinéaste a raflé dans son parcours plusieurs prix dont «Pomegranate Award for life achievment», remis par l'American Sephardi Federation (New York, Etats-Unis), Prix Méditerranos à Nûba d'or et de lumière en Espagne, prix au Festival du film d'histoire à Retrouver Ouled Moumen en France et d'autres.