Sonelgaz, l'entreprise qui détient en Algérie le monopole de l'exportation de l'énergie électrique et du gaz naturel, a l'intention d'augmenter les tarifs de l'électricité et du gaz de l'ordre de 10 à 15 %. Le pouvoir d'achat des Algériens, déjà fort laminé par la cherté des produits de base, va encore dégringoler. À partir de janvier 2006, la facture énergétique des ménages algériens va s'alourdir. Un joli cadeau de Noël. Une belle manière énergique d'accueillir aussi la nouvelle année. En effet, Noureddine Bouterfa, P-DG de Sonelgaz, l'organisme qui détient en Algérie le monopole de la production, du transport, de la distribution, de l'importation et de l'exportation de l'énergie électrique et du gaz naturel, a affirmé que son entreprise souhaiterait augmenter les tarifs de l'électricité et du gaz de l'ordre de 10 à 15 %. D'après lui, cette mesure vise à compenser la hausse des coûts de production et de distribution. Interrogé par la presse algérienne sur le tarif actuellement appliqué, le P-DG a cité, en exemple, celui de la basse tension. Les ménages, selon M.Bouterfa, payent à peine 75% du coût du kilowatt/heure. Pour les industriels, le prix du gaz représente le dixième de ce qu'il devrait être. Ainsi, une nouvelle hausse des prix en 2006 est inévitable. M. Bouterfa a laissé entendre qu'une négociation avec ladite Commission de régulation est envisageable. En réflexe de négociateur, le Groupe Sonelgaz fixe la barre haut pour obtenir moins, commente le quotidien algérien «La Nouvelle République». Au cours du premier trimestre 2006, Sonelgaz, qui compte 5,8 millions d'abonnés à l'électricité, lancera un autre emprunt obligataire de 20 à 25 milliards de dinars algériens (90 dinars= un euro), a indiqué, pour sa part, le quotidien «El Watan». Pour le premier responsable de l'entreprise publique, cela ne va pas suffire, puisque le programme d'investissement de 2006 tournera autour de 110 milliards de dinars algériens. D'après lui, l'ensemble des emprunts obligataires a rapporté à Sonelgaz 55 milliards de dinars. Cela n'a pas empêché le niveau d'endettement d'être assez significatif : presque 100 milliards de dinars. La moitié de cet endettement externe sera, d'après M.Bouterfa, rachetée par les banques publiques. Cette situation est atténuée par le fait que Sonelgaz réinvestit presque l'équivalent de son chiffre d'affaires. Et Sonelgaz est bénéficiaire, poursuit le quotidien. À fin 2005, les résultats de l'entreprise seront de l'ordre de 12 à 13 milliards de dinars, selon M.Bouterfa. El Watan indique, toutefois, que les résultats de l'entreprise soit en baisse par rapport à 2003 qui était de l'ordre de 22 milliards de dinars. Le PDG, lui, impute partiellement la chute des bénéfices aux clients qui ne payent pas leurs factures. D'où l'augmentation des prix. Cette nouvelle augmentation des prix de l'électricité et du gaz naturel risque de mettre le feu aux poudres. Rappelons qu'en janvier dernier, plusieurs localités de la wilaya de Bouira, qui se situe dans la région centre-nord du pays, ont connu un vaste mouvement de protestation populaire contre l'augmentation du prix du gaz butane. Au village d'Aït Mansour, situé à une cinquantaine de kilomètres de Bouira, les citoyens sont sortis dans la rue pour bloquer la circulation reliant la capitale à Constantine. Une vive tension a régné suite à l'arrivée des gendarmes. Plusieurs jeunes manifestants furent alors arrêtés. Des échauffourées ont également eu lieu dans le village d'Aïn Laloui où une vague de répression s'est abattue sur les jeunes de la localité. La population parle de nombreux blessés suite à leur tabassage par les services de sécurité et d'une vingtaine d'arrestations.