Une nouvelle compagnie aérienne sera lancée officiellement aujourd'hui. En gestation depuis de longs mois, cette naissance intervient moins de deux semaines après la signature de l'Open Sky. Enjeux. Du nouveau dans le ciel marocain. C'est aujourd'hui, mardi 27 décembre 2005, que le nom de la nouvelle compagnie aérienne des promoteurs Guy Marrache, figure connue du tourisme dans la baie d'Agadir, et Jalil B Taarji, président de la Fédération nationale du tourisme, sera connu. La dénomination et le logo de cette entité relèvent du secret des dieux. C'est Jawad Zyatt, un cadre expérimenté, anciennement directeur des investissments et des aménagements touristiques au ministère du Tourisme, qui en prendra la direction. Solidement adossée à Holidays Services, l'une des plus grandes agences de voyages du Royaume et à l'ensemble hôtelier Tikida Hotels, cette société démarre avec un important fonds de commerce. D'abord en reprenant deux avions de la Corsair ainsi que son forfait clients. Ensuite, en comptant sur une partie de l'activité Jet Air, spécialiste de l'Allemagne. Dans la petite communauté des agences de voyages, l'on souhaite que cette compagnie nationale, «travaille avec tout le monde » et pas seulement avec l'agence Holidays Services. Ces deux compagnies, Corsair et Jet Air, toutes deux des dépendances du puissant tour opérateur allemand TUI, font partie de celles ayant bénéficié indirectement (via les tours opérateurs) de soutien co-marketing de la part du ministère du Tourisme via l'ONMT en échange de la desserte du Maroc. «Il ne s'agit pas de subvention», avertit un cadre du ministère du Transport ayant requis l'anonymat : «ce genre de partenariat décidé avec le ministère du Tourisme suppose un investissement conjoint en marketing. Il est signé avec des Tours opérateurs sur la base des objectifs à atteindre, en termes de touristes et de programmation de sièges sur le Maroc». Pour l'avenir et afin de ne pas désavantager les compagnies nationales, il est désormais question d'élargir ce partenariat à la filiale de la RAM, Atlas Blue. Des pourparlers sont en cours. Hasard du calendrier, cette nouvelle compagnie prend forme, une douzaine de jours après la signature de l'accord d'Open Sky à Marrakech. Celui-ci ouvre le ciel marocain à la concurrence. Le volet domestique n'est pas concerné. D'ici le mois de mars 2006, les compagnies européennes pourront desservir le Maroc, sur les lignes les plus rentables. Le droit d'établissement d'une compagnie marocaine pour l'Europe ou l'inverse, d'une compagnie européenne pour le Maroc, devra être décidé à travers une commission mixte et être validé par la législation nationale du pays européen concerné. Pour la RAM et Atlas Blue, la concurrence ne fait que commencer. Des ajustements seront nécessaires. Pour la RAM, l'une des rares compagnies à offrir un service catering gratuit à bord, l'une des premières coupes sera sans doute à ce niveau, histoire de s'aligner sur la concurrence. Chez la compagnie espagnole Iberia (en code share avec la RAM sur les axes Casablanca-Madrid et Casablanca-Barcelone) tous les services à bord sont facturés. La compagnie nationale survivra-t-elle à sa forme actuelle ? L'effectif qui était de 5 600 personnes en 2004 est passé à 5 400 en 2005 pour une flotte de 37 avions. Comparé à Air France et à beaucoup de compagnies européennes, ce chiffre est irréaliste. Cet effectif est même à revoir à la baisse, puisque six Boeing 737-400 ont été affectés à Atlas Blue. Reste chez la compagnie-mère, dans le moyen courrier, cinq Boeing 737-700, neuf B 737-800, six B 737-500, un B 737-200 pour le cargo, deux Airbus A 321-200 et deux ATR 42-300. A cela, il faut ajouter cinq Boeing opérant sur le long courrier. Cette flotte sera renforcée par l'arrivée de trois appareils en 2006 (deux Boeing 737-800 et un Airbus A 321) et trois autres en 2007. En tout, il y aura six nouveaux appareils d'ici deux ans. En revanche, pas de courbe de projection sur les effectifs. Pas question pour le moment, chez la compagnie nationale, d'évoquer ouvertement l'idée d'un plan social. D'autres solutions existent. Il y a d'abord, la voie de la diversification et de la constitution des pôles appelés à devenir des filiales. Atlas Hospitality, filiale de la RAM dans l'hôtellerie, comptera 12 hôtels dès l'année prochaine. Un bon point pour la compagnie nationale qui continuera encore et pendant longtemps à assurer la mission de «service universel » sur les lignes intérieures, réputées non rentables (le Casablanca-Ouarzazate est à un taux annuel de 26%) et certaines lignes internationales déficitaires comme Casablanca-New York.