Ayman Nour, l'opposant qui avait talonné Hosni Moubarak lors de la présidentielle de septembre, a été condamné à cinq ans de prison pour falsification de documents officiels. Cinq ans de prison ferme, c'est la sentence prononcée, samedi 24 décembre, par un tribunal égyptien à l'encontre d'Ayman Nour, arrivé deuxième lors de la présidentielle de septembre, derrière Hosni Moubarak. Cet opposant égyptien «made by USA», a été reconnu coupable de falsification de documents officiels. Ayman Nour, avocat, âgé de 41 ans, était accusé d'avoir falsifié des signatures pour la création de son parti Al-Ghad (demain) l'an dernier. Il a plaidé non coupable. Six coaccusés ont été, eux aussi, condamnés à des peines de prison: deux accusés à cinq ans, trois à trois ans et le dernier à dix ans par contumace. Pendant le procès, un de ses six co-accusés est revenu sur son témoignage créant ainsi un coup de théâtre. Cet accusé avait affirmé à la Cour que des responsables de la sécurité égyptienne l'avaient contraint à accuser M.Nour. Cependant, ce coup théâtral n'a guère suffi pour tirer le dauphin de Hosni Moubarak d'affaire. La condamnation d'Ayman Nour, qui s'est lancé dans une campagne verbale massive contre le régime du Raïs, n'a surpris personne. M.Nour, lui-même, disait s'attendre à être condamné à la prison et avait bouclé sa valise, à la veille de la reprise de son procès début décembre. Il estimait qu'il pouvait rester en prison «un an ou plus, jusqu'à l'appel». Lors de la dernière audience, le 12 décembre, il avait affirmé que sa détention «est une forme de terrorisme». Samedi, il était présent dans le banc des accusés, vêtu du costume blanc des détenus en préventive. Des policiers ont empêché tout contact entre M.Nour, connu pour être une grande gueule, et les journalistes. Il a été emmené après l'annonce du verdict, sans avoir eu le temps de faire des commentaires ou de crier, à nouveau, au complot politique. Cet avocat était le principal rival du chef d'Etat lors du scrutin de septembre. Il s'était placé deuxième avec un faible score (7,6%), qu'il a, d'ailleurs, contesté. Il avait ensuite perdu son siège de député dans son fief du Caire lors des législatives de novembre, et son parti avait perdu sa représentation parlementaire, alors qu'il avait sept députés (sur 454) à l'Assemblée sortante. «Ils ont fait absolument tout pour écraser et condamner le seul qui pouvait se dresser devant le père et le fils», avait-il alors dit, en référence au président Moubarak et à son fils et successeur présumé, Gamal. Courtisé par les Américains, Ayman Nour était devenu célèbre quand la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, avait annulé une visite en Egypte au début de l'année, en guise de protestation de sa détention préventive. Il avait ensuite été libéré et s'était lancé dans la campagne électorale. Suite à ce verdict, la Maison-Blanche s'est dite profondément troublée et a demandé sa libération. «Les Etats-Unis sont profondément troublés par la condamnation aujourd'hui de l'homme politique égyptien Ayman Nour par un tribunal égyptien», a indiqué la présidence américaine. «Les Etats-Unis appellent le gouvernement égyptien à respecter les lois égyptiennes dans l'esprit de son désir affiché de plus grande ouverture politique et de dialogue au sein de la société égyptienne, et à libérer M.Nour à titre humanitaire» , ajoute le communiqué.