La maison d'édition La Croisée des Chemins annonce ses nouveautés d'automne. Il s'agit de trois ouvrages phares qui agrémentent la rentrée littéraire cette saison chez ces éditions. Des publications qui ont, tel que le précise l'éditeur, «en commun des réflexions sur le Maroc ; ses jeunes avec l'ouvrage de Driss Guerraoui, ses mythes avec celui de Najib Refaif et ses mythes avec celui de Khalid Mouna». De la question de la jeunesse chez Guerraoui Dans son livre intitulé «Etre jeune aujourd'hui. Révoltes du passé et regards sur l'avenir», l'éminent économiste et professeur Driss Guerraoui aborde «la jeunesse mondiale qui vit aujourd'hui à l'heure de son temps». «Elle réfléchit, travaille, s'amuse, aime, se marie, divorce, conteste, fait de la politique et rêve différemment que les anciennes générations. Elle a des besoins, des préoccupations, des problèmes, des attentes, des aspirations et des priorités en conformité avec les spécificités des contextes sociaux, économiques, culturels et territoriaux où elle vit et évolue», décrit l'auteur cette couche sociale. Pour lui, de larges pans de cette jeunesse souffrent d'un déficit d'ambition et d'espoir en l'avenir. «L'objet du présent ouvrage est d'identifier les termes de ces problématiques à la lumière des dynamiques de révoltes et des vents de contestations», explicite l'écrivain. En fait, son œuvre tente d'apporter «un éclairage concernant les défis majeurs que les jeunes affrontent, de proposer une lecture possible des raisons profondes du malaise actuel qu'ils vivent et de mettre en perspective ce que devraient être des politiques publiques en phase avec les nouvelles réalités des jeunes du XXIème siècle». «Petites mythologies marocaines» de Najib Refaïf «La culture marocaine, Najib Refaïf, rompu à l'exercice de la chronique, nous en révèle les replis et les rebords, en nous invitant à repasser par les mythes cachés qui festonnent nos belles traditions et dont nous ignorons souvent la signification profane», révèle l'éditeur à propos de cette œuvre dont l'auteur est également journaliste chroniqueur. Dans ce sens, La Croisée des Chemins donne l'exemple de la circoncision, du mouton de l'Aïd, entre autres traditions citées dans le livre et qui sont consubstantielles à nos identités, de rite, fascinants pour toute une génération de sociologues et de littérateurs. «De ces mythes qualifiés simplement de «petits» par l'auteur, Naib Refaïf se plaît à nous dévoiler le sens éminemment anthropologique, communément mimétique ou tristement bigot sans rater l'occasion d'habiller pour l'hiver les formes les plus éculées de traditionalisme dont notre société s'embarrasse parfois», poursuit l'éditeur qui estime que la lecture de ces petits mythes marocains relève autant du plaisir du texte que du texte de plaisir. Une «Eloge de l'inversion» Quant à «Eloge de l'inversion. Sexualités et rites de transgression au Maghreb», son auteur, l'anthropologue Khalid Mouna, s'inspire des «rites consacrés à Aïcha Hamdouchiya, figure mi-humaine, mi-esprit». Ce livre tente, tel que le détaille l'éditeur, d'expliciter «le rapport au corps, au genre et au pouvoir, par l'exploration des mythes et des rites de l'inversion sexuelle qui lui sont associés». «Aïcha représente deux exceptions dans le contexte maghrébin : femme et noire, elle incarne une double figure de la marginalité, l'une sexuelle et l'autre de couleur. Elle constitue une figure mouvante, rendant fragiles les frontières qui séparent la norme de la déviance. Aïcha génère de multiples processus d'inversion, qui remettent en cause la généalogie du pouvoir des hommes saints, tout en introduisant de nouvelles variantes plus concrètes des mythes et des rites, plus efficaces aussi et plus dynamiques qui donnent aux femmes et aux efféminés le pouvoir thérapeutique», avancent les éditions. Tel que l'ajoute la même source, cette ethnographie cherche à explorer la question de l'altérité et de la place des rituels d'inversion dans la dynamique de changement et de résistance des rôles sociaux. Il s'agit de questionner les dichotomies épistémologiques dominées par le déterminisme et le symbolisme qui structurent encore l'anthropologie maghrébine. «Le culte de la marge lié à Aicha se révèle en tant qu'espace alternatif de résistance aux normes politiques, religieuses et sociales dominantes. Par leurs pratiques, les acteurs de la marge rendent vulnérable l'ordre dominant et en construisent les lignes de fuite», détaille l'éditeur à propos de l'œuvre. Les trois valant la chandelle d'être lues.