Badia Bouazza a perdu récemment son fils unique dans un accident de la circulation le 28 novembre dernier à Casablanca. Mais la famille de la victime ne comprend toujours pas comment une amende de 10.000 DH peut-elle absoudre le responsable du drame. Le 28 novembre dernier, vers 10h30 du matin, une voiture 205 percute violemment une grande moto Yamaha à la rue de Londres. Un accident terrible qui tourne au drame. Yasser Bouazza, qui se dirigeait à bord de sa moto vers le boulevard 2 Mars, a été grièvement blessé suite au choc. Il sera sur le champ admis aux urgences de l'hôpital Ibn Rochd où il est gardé en réanimation toute la journée. « Les médecins ont opéré Yasser à son arrivée à l'hôpital. C'était une opération très compliquée, vu la gravité de ses blessures. Ils ont fait tout leur possible pour le sauver. Malheureusement, l'état de mon fils était critique. Il a quitté la vie le jour même de l'accident, vers cinq heures de l'après-midi », raconte, bouleversée, la mère de la victime. Mme Bouazza ajoute que cet accident aurait très bien pu être évité si Driss Jaîdi, le conducteur de la voiture, avait respecté le code de la route. Driss Jaîdi, qui n'est autre que le fils du pacha du Mechouar de Casablanca, était au volant de sa voiture le jour de l'accident. Il a brûlé un stop obligatoire. C'est en tout cas ce qui a été précisé sur le procès-verbal du service des accidents de la route ( SAR) de l'arrondissement El Fida-Mers Sultan. Mais selon les témoignages consignés dans le même PV, ce serait plutôt la faute de feu Yasser Bouazza. Deux témoins oculaires avancent en effet que ce dernier roulait trop vite et que, dans tous les cas de figure, le conducteur de la voiture n'aurait pas pu l'éviter. Toutefois, Driss Jaîdi affirme de son côté qu'il roulait lentement, à peine 20 km/h et qu'il a respecté le stop. Mais comment expliquer la violence du choc ? Face à cette situation confuse, la mère de la victime tient à préciser que ces témoignages ne reflètent pas les faits tels qu'ils se sont déroulés. Elle indique même que le pacha aurait tout fait pour garantir l'acquittement de son fils. « Driss Jaîdi n'a même pas été placé en garde à vue comme le prévoit la loi dans pareille situation. Ce n'est pas parce qu'on est fils du pacha, que la loi ne doit pas être appliquée. Je trouve cela anormal et écœurant à la fois », lâche Mme Bouazza avec un grand soupir. Driss Jaîdi, qui a donc été reconnu responsable de l'accident par la police, s'en est tiré finalement en payant une simple amende de 10.000 DH. La mère de la victime n'arrive toujours pas à croire que l'affaire soit traitée de la sorte. « Je pense que tous les médias doivent être au courant de cette histoire. Je sais que mon fils ne me reviendra pas mais il faut que justice soit faite. Ce n'est vraiment pas normal que le fils du pacha soit acquitté. Je suis certaine que si c'était mon fils qui avait commis cet accident et tué le fils du pacha, il serait à l'heure actuelle en prison. Comment alors accepter une chose pareille ?, je me le demande.» Mme Bouazza est d'autant plus en colère que ni le jeune homme responsable de la mort de son fils, ni sa famille, n'ont eu un geste de consolation ou de compassion envers elle. « J'étais très atterrée quand j'ai appris que mon fils ne survivrait pas. J'avais vraiment besoin de soutien moral. Moi-même j'ai été hospitalisée durant plusieurs jours et la famille Jaîdi ne s'est même pas donné la peine de me présenter ses condoléances». Ce cri du cœur en dit long sur le malheur d'une femme, inconsolable de la mort de son fils, décidée à aller jusqu'au bout.