«Il m'a détruite. Je n'ai plus d'âme dès qu'il m'a violée». Une petite phrase dans laquelle cette jeune femme de vingt-trois ans résume tout ce qu'elle a ressenti semble perturber le mis en cause qui se tient au box des accusés à la salle d'audience de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Il ne la quitte pas des yeux alors qu'elle fond en larmes puis baisse la tête sans dire le moindre mot. «J'étais sous l'effet de la drogue», a-t-il répondu à la Cour lorsqu'elle lui a demandé d'expliquer la raison pour laquelle il a commis ce crime contre la victime qui n'était autre que sa voisine du quartier. Il ignore qu'être sous l'effet de la drogue ne prive pas de la responsabilité criminelle, plus encore il s'agit d'une circonstance aggravante. C'est la raison pour laquelle ce jeune homme de vingt-et-un ans avoue son crime contrairement à la majorité des suspects qui se disculpent. Devant la Cour, il explique qu'il était armé d'un couteau. Pourquoi ? lui demande le juge. A cette question, il répond qu'il se rendait chaque matin au port de pêche situé au centre-ville de Casablanca pour gagner sa vie en vendant du poisson. Seulement, rien n'indique qu'il est un poissonnier surtout que son casier judiciaire n'est pas vierge. Effectivement il avait purgé une peine d'emprisonnement de six mois ferme pour trafic de drogue. Mais il affirme à la Cour qu'il a rompu définitivement avec cette activité criminelle après avoir quitté la prison. Toutefois, les limiers de la police judiciaire de Sidi Othman, à Casablanca, qui l'ont arrêté ont saisi sur lui une quantité de cent grammes de haschich. Quant à la victime elle a relaté ce qu'elle avait éprouvé en affirmant que le mis en cause l'a conduite, sous la menace d'un couteau, chez lui pour abuser d'elle sexuellement. Mais pourquoi n'a-t-elle pas demandé de l'aide ? Elle a déclaré qu'il l'a menacée d'enfoncer le couteau dans sa poitrine si jamais elle faisait le moindre bruit tout en lui ordonnant de faire semblant qu'elle était en sa compagnie de son plein gré afin de ne pas attirer l'attention. Verdict : Jugé coupable, ce jeune repris de justice a écopé de huit ans de réclusion criminelle.