Brahim, fkih et tailleur traditionnel, en a pris pour 15 ans pour meurtre. Il a tué sa femme qu'il soupçonnait d'adultère. «Elle me trompait et refusait de partager le même lit que moi, Monsieur le président», affirme Brahim, la trentaine, devant les trois magistrats de la chambre criminelle près la Cour d'appel d'El Jadida. Brahim n'avait jamais imaginé qu'il finirait un jour en prison. Cependant, les agissements de sa femme l'ont incité à commettre l'irréparable. De famille indigente, demeurant dans la périphérie et qui arrive à peine à gagner sa vie, Brahim n'a jamais mis les pieds à l'école. Il s'est contenté d'apprendre le Coran dans une école coranique de la région. Après quelques années, Brahim est devenu un fkih. Les habitants de la région l'ont chargé d'aider leur progéniture à apprendre les versets coraniques. Ils lui ont consacré une somme d'argent mensuelle de trois cent cinquante dirhams. Une somme qui ne peut en aucun cas lui permettre de subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Brahim pense alors se lancer dans la couture traditionnelle en confectionnant des djellabas, caftans et autres effets vestimentaires contre des sommes susceptibles de lui permettre d'arrondir ses fins de mois. Au fil du temps, l'idée du mariage commence à le hanter jusqu'à l'obsession. Il voulait tellement enterrer sa vie de célibataire. Pour cela, il a rejoint sa sœur, mère de famille, et lui a demandé de lui chercher une jeune fille pour le mariage. Sans perdre de temps, elle lui propose Samira, une jeune voisine âgée de moins de dix-huit ans. Sa sœur a vanté les qualités de Samira. Brahim s'est présenté alors à la famille de la candidate pour demander sa main. Une fois sa demande fut acceptée, les cérémonies du mariage ont été célébrées quelques semaines plus tard. Le couple occupait une chambre que lui a procuré sa belle-famille. A cette époque, Brahim ne possédait pas encore de maison. Pour en acquérir une, il a décidé d'aller à Oujda pour chercher un emploi. Quelques membres de sa famille et des amis y sont installés depuis des années. "Ils peuvent m'aider et me soutenir", pensait-il. Après quelques semaines, il a emballé ses affaires et mis le cap sur la région de l'oriental. Durant six mois, il contactait sa femme par téléphone pour avoir de ses nouvelles. De retour à la maison, sa femme l'a accueilli avec froideur. Le soir, il lui a demandé de faire l'amour avec lui. Mais, elle a refusé. Elle l'évitait en faisant semblant de dormir. Quelques jours plus tard, il lui a proposé de l'emmener chez sa famille pour vivre avec ses parents. Face à son refus, il lui a proposé de louer une chambre à Azemmour. Mais toujours en vain. Son comportement étrange commence à le rendre nerveux. Un soir, il a entendu les aboiements des chiens. Il s'est réveillé au milieu de la nuit. Il avait remarqué l'absence de sa femme. Cette dernière n'était pas sur le lit. Brahim est sorti la chercher. Elle était dehors. Perturbée, elle est retournée au lit. Brahim a aperçu de loin quelqu'un qui courait. Il n'a pas réussi à l'identifier en raison de l'obscurité. Et pourtant, il n'en a pas fait une histoire. Il s'est contenté de se glisser dans son lit. Mais il n'a pas pu fermer l'œil tellement cette histoire le torturait. Le lendemain matin, il lui demande encore une fois de faire l'amour avec lui. Elle a refusé. Après la sortie des membres de sa belle-famille, il a saisi une pioche et lui a asséné des coups mortels. Après quoi, il s'est dirigé de son propre chef vers la poste de la gendarmerie royale pour avouer son crime. «Je n'avais pas l'intention de la tuer, monsieur le président», crie-t-il après avoir avoué, les larmes aux yeux, son crime à la Cour. Celle-ci le condamne à 15 ans de réclusion criminelle.