L'engouement des Marocains pour la Omra durant le mois de Ramadan est sans égal. Les grandes personnalités politiques et économiques font le voyage des Lieux Saints. Quelques jours de spiritualité qui peuvent coûter de 15.000 DH à plusieurs dizaines de milliers de DH. Jeûner quelques jours auprès du tombeau du Prophète, faire ses prières en un lieu saint, à La Mecque ou à Médine, se désaltérer en prenant de l'eau bénite de Zem Zem et goûter aux délices des dattes d'Arabie, un luxe que de plus en plus de Marocains s'offrent durant le Ramadan. L'année dernière, ils étaient plus de 40.000 à avoir effectué le petit pèlerinage. Un engouement que les agences de voyages exploitent entièrement puisqu'elles réalisent une bonne partie de leurs chiffres d'affaires à cette occasion. En offrant des formules de séjour très variées, rivalisant d'innovation, elles tentent de satisfaire un panel de clients aussi différents qu'exigeants. Une belle vue sur la Kaaba, dans un palace luxueux coûte très cher. Avec les conditions de séjour qui sied à ce luxe, restauration notamment, le prix de la semaine atteindrait 200.000 DH. Ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir un séjour aussi somptueux, se rabattent sur les formules classiques, à partir de 15.000 DH, quitte à faire une petit trajet de 15 minutes chaque fois que l'on a envie de faire ses prières dans l'enceinte de la mosquée sainte. Les grandes personnalités du pays sont aussi de ce voyage spirituel où l'on sort beaucoup plus rasséréné. Les ténors des différents partis politiques tiennent à leur séjour en terre d'Arabie chaque année. Pour ce mois-ci, en plus des clients habituels tels M'hamed Boucetta et M'hamed El Khalifa, qui ne ratent sous aucun prétexte ce voyage spirituel de ressourcement. Cette année, un autre ténor de la politique, Abdellah Kadiri, secrétaire général du PND en l'occurrence, a tenu à « jeûner » quelques jours en terre sainte. Les députés de la nation sont également nombreux à avoir passé quelques jours de ce mois sacré entre La Mecque et Médine. PJDistes, Istiqlaliens, IRNistes mais également appartenant à différentes autres formations politiques ont préféré la sérénité de la mosquée du Prophète Sidna Mohammed à la houleuse atmosphère de la coupole parlementaire en ce mois de jeûne qui a connu l'inauguration de la session d'automne, le vote de nombreux importants projets de loi relatifs notamment aux partis politiques ou encore la présentation et la discussion du projet de loi de Finances 2006. Parmi eux, citons des noms comme l'istiqlalien Mohamed Karimine ou encore les IRNistes Mohamed Rachidi et Chafik Rachidi. Même regain de spiritualité s'empare de la planète économie et finances. Plusieurs grands patrons vident leur agenda l'espace de quelques jours pour un séjour en terre d'Arabie. Certains comme Houcine Benjelloun, grand patron du groupe Forafrique, groupe multiservice dont le chiffre d'affaires avoisine les 2 milliards DH, ont depuis longtemps dédié leur mois de Ramadan à la prière et au jeûne près de la Kaâba et du tombeau du Prophète. C'est le cas également d'Abdelhadi Alami, promoteur du Palais de congrès de Marrakech qui a l'habitude de passer la deuxième quinzaine du mois sacré en Arabie Saoudite. D'autres, beaucoup plus jeunes, se sont épris du petit pèlerinage, à l'image de Mohamed et Meriem Bensaleh, respectivement président et administrateur du groupe Holmarcom ainsi que Hicham Aït Menna, fils de feu Abdelkader Aït Menna, grand richard de Mohammédia. La quête de spiritualité ramadanesque est également grande parmi les artistes marocains. Pour Latifa Raafat, Abdelhadi Belkhayat entre autres, ce mois de jeûne est réservé aux activités 100% religieuses.