Le HCR semble finalement décidé à s'acquitter de ses obligations envers les populations séquestrées à Tindouf. En effet, l'instance onusienne rappelle à Alger ses manquements au droit international et humanitaire. Le HCR (Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés), dont le comité exécutif vient de clore sa 56ème session à Genève, semble décidé à amener l'Algérie à se conformer au droit humanitaire international après des décennies de laxisme. Dans une note d'information au sujet des populations présentées comme « réfugiées» à Tindouf, le HCR déclare qu'il s'engage à aller de l'avant dans ses efforts pour que soit effectué un recensement global établissant la vérité sur le nombre exact et faisant la lumière sur les origines de milliers de personnes dans les camps de Lahmada. Mais plus intéressante est la suite de cette note qui rappelle aussi bien à l'Algérie qu'au Polisario leurs manquements de toujours aux règles du droit humanitaire international et des règles régissant le traitement des dossiers des réfugiés de par le monde. Ainsi, il est rappelé dans cette note, dévoilée mercredi 5 octobre, que des demandes officielles ont été faites auprès d'Alger en 1977, en 2001, en 2003 et en 2005 sans jamais être suivies d'effet. D'autres demandes, officieuses celles-là, auront le même sort, rappelle le document du HCR. Les mêmes requêtes seront introduites auprès du Polisario, en 2002, 2003 et 2005, mais sans avoir reçu de réponses favorables. En juin 2005, Alger répliquait qu'il n'y avait pas de « problème de principe », mais qu'il fallait d'abord une résolution politique à l'ensemble du conflit. De cette manière, comme l'a relevé la déclaration marocaine devant le comité exécutif du HCR et plusieurs ONGs internationales, l'Algérie ne dissocie pas aspect politique et volet humanitaire du conflit et ce en flagrante contradiction avec le droit humanitaire international. Le HCR et son comité exécutif, lors de cette même session, donnent l'exemple du million de réfugiés afghans et africains retournés dans leurs pays rien qu'en 2005, abstraction faite du volet politique. Tindouf continuera-t-elle de faire exception ? L'Algérie en a la triste expérience avec ses protégés du Polisario qui détenaient avant leur récente libération des centaines de prisonniers de guerre marocains, comme moyen de pression, plus d'une décennie après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu de 1991. Les contradictions, plus que condamnables d'Alger, c'est ce que résume l'ONG américaine « US Committee for refugee » qui écrit, dans un récent rapport, que les populations « réfugiées » de Tindouf sont les seules au monde à être interdites de recensement, de libre circulation et de rapatriement librement consenti par le pays d'asile. Pays d'asile qui, autre flagrante contradiction, se trouve être partie prenante au conflit. Résultat, ce sont les organes internationaux comme le HCR en premier lieu, mais aussi le PAM (Programme alimentaire mondial) et plusieurs ONGs qui se trouvent pris au piège d'Alger et du Polisario. ONGs comme organismes internationaux de l'ONU se trouvent privés de ce fait de tout mécanisme de contrôle ou de surveillance et des populations concernées par leurs actions et de la destination des aides. La déclaration marocaine, lue par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, Omar Hilale, s'élève contre le chiffre exagéré de 90.000 personnes retenues pour bénéficier de l'assistance du HCR alors que c'est le même chiffre évoqué par l'ONU en mai 1997. L'unique tentative qui aurait pu mener à des résultats tangibles est celle menée entre 1998 et 2000 et qui a abouti à une liste de la Minurso qui ne saurait servir de référence au vu du déroulement du processus d'identification préparant l'option, enterrée, du référendum. Aujourd'hui, le Maroc fait pression –légitime d'ailleurs- pour que la vérité soit établie et sur l'origine des populations de Tindouf et sur leur nombre réel. C'est aussi ce que vient de demander l'Espagne via son secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères qui affirme que son pays considère la situation dans les camps de Tindouf comme un « motif de préoccupation ». Bernardino Leon Gross, au nom de son pays, a demandé à Genève que soit menée une opération de recensement adéquate des populations présentées comme «réfugiées» sur le sol algérien. Lors de son séjour à Genève, la délégation marocaine, à travers plusieurs entretiens et rencontres, a rappelé que le Maroc a honoré tous ses engagements vis-à-vis de la communauté internationale. Elle a notamment affirmé que le Maroc, contrairement à la propagande polisarienne, ne détient plus de prisonniers. Affirmation que le CICR fait d'ailleurs sienne face aux allégations des mercenaires qui prétendent que le Royaume détiendrait encore 150 prisonniers. Lors de cette 56ème session de son comité exécutif, le Maroc a d'ailleurs informé le HCR de son accord pour la reprise de l'opération des échanges de visites entre les populations des camps de Tindouf et leurs familles au Maroc. L'offre marocaine est de mise même si certains amendements du Royaume n'ont pas été pris en compte dans le nouveau plan d'action régissant ces opérations.