La première vice-présidente du gouvernement espagnol, Mme Maria Teresa Fernandez de la Vega, a annoncé mercredi après-midi l'entrée en vigueur dès jeudi d'une mesure extraordinaire prise en accord avec le Maroc pour le rapatriement des immigrants subsahariens. Mme de la Vega s'est réjoui de cet accord entre le Maroc et l'Espagne qui s'inscrit dans le cadre de la "réactivation" de la convention sur le rapatriement des immigrés illégaux, signée entre les deux pays en 1992. Cette décision exceptionnelle, a-t-elle dit, "démontre la volonté de collaboration du Maroc". La responsable espagnole a indiqué que les deux pays travaillent sur les moyens de réactiver la convention de 1992, se refusant de donner des détails sur le nombre des personnes concernées par cette mesure extraordinaire ou sur les procédures de rapatriement. Qualifiant de "bonne nouvelle" la prise de cette décision, Mme de la Vega a annoncé que son pays mènera des "démarches intenses" pour que le Maroc et l'Union Européenne parviennent à un accord sur la réadmission des immigrés illégaux. "Notre relation de travail et de coopération avec le Maroc est excellente", a dit la vice-présidente du gouvernement, soulignant que les deux pays déploient des "efforts conjoints pour éviter" l'entrée des immigrés subsahariens aux présides de Sebta et Mellilia. La même mesure extraordinaire a été annoncée par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Miguel Angel Moratinos, qui a indiqué devant le Congrès des députés (chambre basse du parlement) l'adoption par le Maroc et l'Espagne de plusieurs dispositions pour lutter contre l'immigration clandestine subsaharienne. M. Moratinos a aussi annoncé une prochaine réunion avec son homologue marocain M. Mohamed Benaissa et le commissaire européen à la Liberté, la Sécurité et la Justice, Franco Frattini, pour évaluer la situation créée par les assauts massifs des immigrants subsahariens contre Sebta et Mellilia. Le ministre a également indiqué que les gouvernements des deux pays prévoient de tenir une réunion avec le directeur général de l'Organisation internationale des migrations (OIM), à laquelle l'Espagne compte adhérer en novembre prochain. Rabat et Madrid, a ajouté M. Moratinos, se sont mis d'accord pour la mise en marche d'un accord de coopération transfrontalier et la présentation d'une batterie de mesures spéciales en matière d'immigration qui seront proposées au Sommet euroméditerranéen de Barcelone, prévue les 27 et 28 novembre prochain. Le Maroc et l'Espagne comptent aussi convoquer une conférence sur les flux migratoires à laquelle participeront les pays associés au processus euroméditerranéen, les pays du Sahel et d'autres pays africains. Ils prévoient aussi de lancer un plan de coopération triangulaire avec les pays du Sahel. Dans son intervention devant le Congrès des députés, le chef de la diplomatie espagnole a mis en exergue les "multiples mesures" prises par le Maroc pour freiner le flux des immigrés subsahariens. "En définitive, a-t-il dit, les flux des immigrants subsahariens débordent les capacités de gestion des autorités marocaines, ce qui requiert nécessairement la coopération des autres pays de transit et de l'Union Européenne".