Un puissant levier d'intégration sociale, selon Policy Center L'urbanisation galopante des villes et la croissance démographique appellent à réinventer la réflexion autour de la mobilité. Pour y parvenir, de multiples défis sont à surmonter en particulier ceux liés à l'investissement public dans ce secteur stratégique. A cela s'ajoute la nécessité d'étendre l'expérience de la mobilité urbaine viable à d'autres villes du Maroc. Depuis plus d'une décennie, le pays s'est engagé dans une réforme du secteur de transport accompagnée d'une stratégie nationale des déplacements urbains. L'objectif étant de moderniser le transport urbain et l'établissement d'un système de déplacements durable et efficient. Cette approche inclut aussi des impératifs urbanistiques, financiers et écologiques. «L'engouement que suscite l'introduction du STCSP (Tramway et/ou BHNS) au niveau des villes métropolitaines (Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir, Fès), renseigne sur les limites, aussi bien de capacité que de qualité des services, et la volonté affichée des pouvoirs publics d'apporter des solutions durables à la problématique de la mobilité urbaine. De prime abord le STCSP paraît comme étant le choix répondant à une forte demande en transports urbains et, donc, à l'intégration sociale et urbaine», selon une analyse publiée par Policy Center for the New South intitulée «Le tramway comme moyen d'intégration urbaine et sociale». Ce document explique que ce mode de transport est par ailleurs entouré de risques s'il n'est pas bâti sur un modèle viable captant les usagers de la voiture, pensé dans une vision qui tient compte de l'articulation entre le système de planification urbaine et le système de transport urbain, et inscrit dans un système intermodal et tarifaire intégrant les autres modes de transport urbain (bus et transport du personnel des secteurs public et privé). Cette analyse met également en lumière le mode de gouvernance des transports dans les villes moyennes tout en s'appuyant sur l'expérience du système de transport en commun en site propre (STCSP), notamment le tramway. En plus d'être un moyen de déplacement de flux urbains, le tramway est un outil d'intégration sociale et de requalification urbaine. «Transportant 150.000 passagers par jour au niveau de Rabat et plus de 200.000 voyageurs à Casablanca, le tramway est un véritable lieu de sociabilité. Il offre plus de rapports sociaux entre les usagers, ne serait-ce que le temps d'un trajet, mais aussi des conditions de voyage qui invitent à la lecture, à la contemplation des paysages, mais surtout au rehaussement du civisme et du sens de l'appropriation collective», argumente la même source précisant que ce moyen de transport représente un espace de mixité sociale par excellence du fait qu'il est emprunté par toutes les couches sociales. Par genre, les femmes représentent 56% des utilisateurs à Rabat, contre 44% à Casablanca. Par ailleurs, ce document met également en exergue la forte attente en transport urbain. Il faut dire que le Maroc compte huit systèmes urbains avec une population totale de plus de 23 millions d'habitants, soit 67% de la population nationale. Ces huit systèmes urbains concentrent plus de 17 millions d'urbains, ce qui représente 83% de la population urbaine nationale. «La complexité de la mobilité urbaine est corrélée au poids démographique et à la dynamique urbaine des villes. Cette complexité n'a d'égal que le décalage entre un réseau de transport urbain qui a peu évolué alors que l'urbanisation connaît des développements spectaculaires», peut-on lire dans cette analyse. La demande s'exprime fortement dans différentes villes nécessitant ainsi un déploiement rapide des moyens de transport couvrant ce besoin. «Si les pouvoirs publics ont fait du transport urbain en site protégé la solution pour les grandes agglomérations, la demande en transports urbains dans les villes moyennes va crescendo avec le rythme d'urbanisation accéléré que connaissent ces systèmes urbains. Et, par conséquent, l'urgence d'un modèle de gouvernance performant du transport urbain à l'échelle des villes moyennes s'impose», souligne la même source.