Pratiquement toute la matière grise marocaine s'est donnée rendez-vous, jeudi et vendredi, à Skhirat pour trouver une solution à un fléau nommé chômage. Il est pratiquement impossible de déterminer le nombre exact de personnes présentes à l'ouverture des journées d'actions pour la création d'emploi : "Initiatives Emploi". Dans le centre international de conférences Mohammed VI à Skhirat, tout le Maroc était représenté. Le Premier ministre, Driss Jettou, ainsi que plusieurs autres ministres se bousculaient dans l'immense hall du centre avec les députés, de hauts cadres de l'administration, des journalistes, des directeurs d'offices, des élus communaux venus des quatre coins du pays, des professeurs universitaires, des acteurs associatifs, bref, il était politiquement correct de faire acte de présence à ces Assises de l'emploi. Le nombre d'invités était tellement important que l'immense salle des conférences n'a pas pu contenir tous les arrivants. Les retardataires durent se contenter d'écouter les discours du Premier ministre puis du ministre de l'Emploi dans une autre salle du centre où une retransmission en directe était assurée. Des Assises où les chômeurs, les premiers concernés par les recommandations, qui sont, avouons-le révolutionnaires, étaient persona non grata. Mais fidèles à leurs habitudes, certains d'entre eux se sont pointés face à l'entrée principale du centre de Skhirat. Par cet acte, ils ont tenu à rappeler aux centaines de personnes présentes sur place qu'ils espèrent que les recommandations se traduiront en mesures concrètes. Ils étaient moins d'une quinzaine, dont la moitié étaient des handicapés chômeurs. Les forces de l'ordre s'étaient préparées à toute éventualité. Juste derrière le centre, étaient stationnés une trentaine de fourgons de la Compagnie mobile d'intervention (CMI) et des Forces auxiliaires. En tout cas, après la séance d'ouverture, les participants se sont dispersés sur quatre grandes salles où se tenaient quatre ateliers thématiques : La promotion de l'emploi salaire, l'Adéquation formation- emploi, la Gouvernance du marché de l'emploi et l'Appui à la création d'entreprise. Au Maroc, le taux de chômage est de 18,4 % dans les zones urbaines et de 3,2 % dans le monde rural. En outre, parmi la population des chômeurs, on compte presque 27 % de jeunes diplômés, alors que 3 % seulement d'entre eux ne sont titulaires d'aucun diplôme. Face aux énormes difficultés rencontrées pour l'obtention d'un emploi, surtout si c'est pour la première fois, la situation ne fait que se dégrader davantage. Par effet "boule-de-neige", les jeunes diplômés ont tendance à privilégier les emplois salariés, plus sûrs, comme la fonction publique. L'initiative privée est ainsi totalement abandonnée. Et aujourd'hui, le gouvernement veut relever le pari de la dynamiser. A cet effet, "l'appui à la création d'entreprises" consiste à soutenir financièrement les porteurs de projets dont le montant d'investissement ne dépasse pas les 250.000 DH, pour une première installation. Il s'agira pour l'ANAPEC de prendre en charge à hauteur de 10.000 DH les frais d'accompagnement (installation, démarches auprès de l'administration…) sans compter les facilités d'obtention de crédits bancaires et surtout la simplification du statut de la SARL dont le capital passe de 100.000 DH à 10.000 DH. Pour ce qui est de la "promotion de l'emploi salarié", il consiste à insérer les diplômés “primo” demandeurs, affectés par le chômage de longue durée, soit depuis plus d'un an. A cela s'ajoute l'amélioration de l'adéquation entre formation et emploi et la restructuration de l'ANAPEC qui sera dotée de prérogatives et de moyens financiers élargis.