La mort de la journaliste irano-canadienne a envenimé les relations entre le Canada et l'Iran. Malgré les regrets officiels, Ottawa exige des sanctions contre les responsables et demande le rapatriement du corps de la victime. Les relations diplomatiques entre Ottawa et Téhéran risquent de se détériorer. Bien que le président iranien, Mohamad Khatami, ait exprimé ses regrets et son inquiétude suite à la mort de Zahra Kazemi, photo-journaliste de double nationalité, iranienne et canadienne, les autorités d'Ottawa ne se considèrent pas encore comme totalement satisfaites. Rappelons que Zahra Kazemi, âgée de 54 ans, a été interpellée le 23 juin par les forces de sécurité, alors qu'elle prenait des photos de manifestants devant la prison d'Evine, au nord de l'Iran. Elle a été accusée d'espionnage. Quelques jours plus tard, elle décède dans un hôpital de Téhéran à la suite d'une hémorragie cérébrale provoquée par des coups qui lui ont été infligés au cours de sa détention. C'est ce qu'a confirmé, d'ailleurs, le vice-président iranien Mohammad Ali Abtahi. Le Canada a conditionné l'avenir de ses relations avec l'Iran à la volonté de ce pays de chercher et de punir les responsables de la mort de la victime. "Si des crimes ont été commis, nous exigeons que le gouvernement iranien punisse les responsables", a lancé le Premier ministre canadien Jean Chrétien, jugeant "totalement inacceptable qu'une journaliste en mission professionnelle soit traitée de cette façon". Pour sa part, le ministre canadien des Affaires étrangères, Bill Graham a déclaré que son homologue iranien lui a affirmé que Téhéran avait pu "établir la cause de la mort de Zahra Kazemi mais n'a pas pu établir la responsabilité de quelqu'un, d'une des autorités, aux mains desquelles elle était au moment où elle a subi la fracture cérébrale". En tout cas, le gouvernement canadien compte énormément sur la détermination des responsables de ce crime et de leur châtiment. C'est une condition nécessaire pour épargner une crise diplomatique entre les deux pays. Autre point d'achoppement entre les deux capitales: le rapatriement du corps de Zahra kazemi. Le fils unique de cette dernière, Stephan Hachemi, installé à Montréal au Québec, a demandé que le corps de sa mère soit rapatrié vers le Canada et qu'une autopsie indépendante soit effectuée pour déterminer les circonstances réelles de sa mort. Pour les Iraniens, cette demande est irrecevable et ce, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la législation iranienne ne reconnaît pas la double nationalité. Ensuite, Zahra kazemi est entré en Iran avec son passeport iranien. Enfin, elle a déjà été enterrée. "Nous essayons d'avoir l'avis d'un expert juridique pour démontrer que le fils a le droit de demander le rapatriement du corps au Canada et là nous pourrons faire pression sur le gouvernement iranien", a précisé Bill Graham. Les autorités iraniennes affirment que l'enterrement a eu lieu à la suite de l'aval donné par la mère de Zahra Kazemi. Ma grand-mère et moi sommes tout à fait clairs, nous voulons le rapatriement du corps de ma mère au Canada", a rétorqué Stephan Hachemi, affirmant que la mère de la victime avait subi des "pressions" de la part des autorités iraniennes. Cette affaire montre encore une fois, que les tensions sont fortes entre conservateurs et réformateurs en Iran. Bon nombre de journaux sont régulièrement interdits par la Justice qui est totalement aux mains des conservateurs.