Tenté par des expériences à l'international, le groupe AON a l'occasion avec Mauritel de concrétiser ses ambitions. La filiale de Maroc Telecom est aujourd'hui rentable. La famille Noueigued, commerçants de père en fils, poursuit sa cavalcade aujourd'hui en tête du monde des affaires en Mauritanie où les rivalités sont nombreuses. Le groupe AON, symbole d'un passage d'une économie traditionnelle vers une économie moderne, est le fruit d'un long processus. Depuis le commerce général jusqu'au secteur des télécoms, un choix judicieux opéré à l'entame des années 2000 et qui s'avère porteur. L'année dernière, Mauritel, filiale de Maroc Telecom où le groupe AON est actionnaire, a dégagé des bénéfices nets de 86 millions de dirhams, soit 3 milliards d'ouguiyas. Lors du lancement de cette entreprise, peu d'analystes auraient donné crédit à Maroc Telecom quand celui-ci mettait dans la corbeille 48 millions de dollars pour prendre 24% des parts de Mauritel avec l'engagement de reverser 3% au personnel. Sur le coup, outre France Telecom et Vivendi, qui se sont retirés, il n'y avait plus comme candidat à la reprise que Portugal Telecom vite balayée par l'offre marocaine. Lors de sa privatisation, l'ancêtre de Mauritel, leader dans le secteur des télécommunications, traînait un déficit de l'ordre de 24 millions de dirhams. Aujourd'hui, l'affaire s'avère rentable. Une véritable mine d'or qui excite toutes les envies. Le parc abonnés explose. En décembre 2004, le cap des 350 000 est dépassé. Mauritel occupe la première place avec des parts de marché de l'ordre de 67%. Une envolée exponentielle comparée à la situation d'il y a à peine quatre ans. En 2000, l'on était à peine à 7 200. Indicateur important, le chiffre d'affaires de Mauritel est passé de 92 millions d'ouguiyas (3 millions de dirhams) à 12,5 milliards d'ouguiyas (358 millions de dirhams) en quatre ans. Dans la foulée, après le montage réussi de Mauritel, le groupe AON s'est tourné vers un autre opérateur marocain, l'ONE (Office national d'électricité) pour la Société mauritanienne d'électricité, la Somelec. Là aussi, ce sont 54% du capital de l'entreprise qui étaient en jeu. Mais l'opération sera reportée. Ce qui n'émousse pas pour autant la vocation d'AON de se transformer en un holding. Le groupe s'intéresse notamment au Sénégal, dans des travaux d'assainissement. En Mauritanie, le conglomérat AON regroupe les établissements Mohamed Ould Noueigued et Abdallahi Ould Noueigued de commerce général, la Banque nationale de Mauritanie (BNM), les Usines Sapin, Plastique de Mauritanie et Savon de Mauritanie. Autant de succursales qui font des Noueigued des acteurs incontournables de l'économie mauritanienne. L'ambition du groupe en venant au Maroc était d'œuvrer pour le rapprochement entre les deux pays. Un projet qui butte aujourd'hui sur les difficiles rapports avec les Derhem. Le rêve marocain est-il enterré pour autant ? Ce n'est pas le cas de l'avis d'un proche du groupe qui promet des «surprises», dans les mois à venir.