Dans une brillante intervention, dimanche à Marrakech, lors de l'ouverture des travaux du 55ème congrès de la Fifa, le Premier ministre a clairement signifié au patron de cette institution que le Maroc, Mondial ou pas, poursuit son programme d'infrastructures. Le Maroc poursuit « avec un rythme élevé » la réalisation des projets qui étaient inscrits dans le dossier de candidature marocaine à l'organisation de la Coupe du monde 2010. La phrase est celle de Driss Jettou. Elle a fait office de conclusion d'une brillante intervention du Premier ministre lors de l'ouverture, dimanche au palais des congrès de Marrakech, des travaux du 55ème congrès de la Fifa. Elle semble s'adresser à l'attention particulière de Joseph Sepp Blatter, le patron de la sacro-sainte institution footballistique, celui-là même qui avait fait des mains et des pieds pour empêcher que la fête du football mondial n'ait lieu au Maroc. Le message d'une telle affirmation est double. Le premier est qu'une fois n'est pas coutume, les Marocains n'auront pas eu la mémoire courte. Ils se souviennent de la manière avec laquelle l'organisation du Mondial 2010 avait été confiée à l'Afrique du Sud. Le deuxième, beaucoup plus noble, est que le développement du football dans notre pays est moins une volonté conjoncturelle qu'une politique qui vise loin, en tout cas au-delà de la simple et passagère satisfaction que peut procurer le fait d'abriter un événement, aussi grand soit-il. Que le football, loin d'être une industrie, et comme l'a affirmé M. Jettou, «constitue une force exceptionnelle de rapprochement entre les peuples», de par sa popularité et les valeurs universelles qu'il véhicule. Loin d'être une faveur ou une consolation de la Fifa à l'égard du Maroc, comme M. Blatter l'avait fait croire par ses récentes sorties, la tenue du congrès dans la cité ocre s'inscrit pleinement dans la politique participative du Royaume aux activités de la FIFA. Saluée par Issa Hayatou, président de la CAF, elle vient s'ajouter aux nombreuses initiatives engagées dans ce sens par le Maroc, « nation pionnière du football africain», a poursuivi M. Jettou, dans des propos relayés par la MAP, notant qu'elle «témoigne plus généralement de notre volonté de contribuer activement au développement du football dans le monde». C'est dire que de par son statut, c'est Marrakech qui s'est imposée aux organisateurs du congrès. Sinon, quelle autre ville dans le continent aurait pu abriter un événement de cette taille, et dans des conditions aussi optimales ? Et parmi les pays africains où le football connaît l'évolution la plus remarquable, n'est-ce pas le Maroc qui fait le plus parler de lui actuellement. Driss Jettou nous l'aura aussi rappelé : «Conscient de ces enjeux majeurs, le gouvernement de SM le Roi a engagé au début de l'année 2005 une réforme volontariste et ambitieuse du secteur du sport, visant la professionnalisation du sport de haut niveau et le développement du sport de masse». La signature en juin dernier d'un contrat de mise à niveau du football national et l'instauration d'un championnat professionnel à partir de la saison actuelle (2005-2006) font ainsi office d'actes qui se joignent à des paroles qu'il fallait entendre. Et Blatter n'a pas manqué d'en féliciter le Maroc.