Le projet de décret portant sur l'octroi de la carte professionnelle des artistes sera soumis jeudi prochain à l'approbation du Conseil de gouvernement. A quoi va alors servir cette carte ? Explication. Avec l'adoption par l'Exécutif du projet de décret portant sur l'octroi de la carte professionnelle, le Maroc aura franchi un premier pas dans l'organisation du métier d'artiste. Ce projet, qui sera soumis ce 8 septembre à l'approbation du Conseil de gouvernement, devra par la suite être adopté par le Conseil des ministres, étape ultime avant la parution dans le Bulletin officiel de ce projet, attendue impatiemment par les artistes. Basé sur le statut d'artiste 71-99, adopté le 19 juin 2003, ce projet de décret, - dont ALM a reçu copie-, tranche d'abord une question primordiale : à qui sera octroyée cette carte ? Les artistes qui ne vivent que de leur art ? Qu'en est-il alors des artistes qui exercent d'autres métiers ? Sur ce point, le projet fait la part des choses. Il y aura en effet deux sortes de cartes, la première est réservée aux professionnels de l'art, c'est-à-dire ceux qui ne vivent que de leur profession ; la seconde, elle, est consacrée à des artistes-fonctionnaires, le cas échéant les quelques lauréats de l'Institut supérieur d'art dramatique et d'animation culturelle (Isadac) qui, en plus du théâtre, sont employés au ministère de la Culture. Ce cas s'applique également à des personnes qui, en continuant d'exercer leur art, prennent du service dans le secteur privé. L'octroi de cette carte, renouvelable tous les 3 ans (bien trois), souscrit également à quelques conditions précises : d'abord, être de nationalité marocaine, ensuite avoir pour limite d'âge 21 ans, tout en laissant la possibilité aux enfants de se produire dans des œuvres artistiques. Selon l'article 5 du statut d'artiste, les moins de 16 ans peuvent exercer sous réserve d'obtenir un accord (par écrit) de la part des parents, du ministère de tutelle, et à condition que le travail qu'ils sont appelés à accomplir ne les expose pas à des risques physiques, ni ne porte atteinte à leur éducation. Le respect de l'éthique est également cité comme une condition cruciale à l'octroi de la carte, les artistes sont ainsi sommés de se conformer aux règles fixées par une sorte de pacte d'honneur. Pour veiller au respect des règles de la déontologie, le projet prévoit la création d'une commission mixte entre le ministère de tutelle et des organismes professionnels (syndicats et associations d'artistes). C'est à cette commission que devrait d'ailleurs incomber la responsabilité d'étudier les demandes de celles ou ceux qui voudront bénéficier de l'octroi de la carte professionnelle. Reste, maintenant, à savoir quels bénéfices ces artistes pourront tirer de cette carte professionnelle ? Contacté par ALM, Hassan Nafali, président de la Coalition nationale pour la culture et les arts, se veut optimiste. Selon ce responsable, également dirigeant du Syndicat national des professionnels de théâtre (SNPT), le déblocage de cette carte permettrait de mettre fin à l'anarchie qui sévit dans le secteur de l'art, en sachant « qui fait quoi ? ». «Quand on aura les statistiques, il deviendra facile d'identifier qui sont les artistes et qui ne le sont pas», martèle M.Nafali. Pour ce syndicaliste, la carte professionnelle «nous permettra de signer des conventions collectives avec les employeurs, Etat et privé compris ». Et d'ajouter que cette carte donnera aux bénéficiaires la priorité en matière d'offres d'emploi.