Plusieurs analystes avancent diverses raisons pour expliquer l'envolée des prix des carburants sur les marchés mondiaux. D'aucuns n'écartent pas l'effet d'une bulle spéculative qui finira par éclater et ramener les cours à des seuils raisonnables. La Tunisie vient de décider une autre hausse des prix des carburants. Il s'agit de la troisième augmentation du genre en l'espace d'un an. En Grande-Bretagne, ce sont des stations-services qui se sont trouvées face à un nouveau dilemme : leurs panneaux d'affichage de prix tombent en désuétude car ne pouvant pas afficher les prix issus des nouvelles hausses. Plusieurs gouvernements ont décidé des mesures pour aider leurs ressortissants à surmonter le cap, entre un petit chèque de quelques dizaines d'euros et des campagnes de sensibilisation pour modérer la consommation. Mais rien n'y fait. La semaine dernière, les prix des carburants franchissaient la barre psychologique de 70 dollars le baril et plusieurs pays se sont trouvés dans l'obligation de puiser dans leurs stocks stratégiques. Pendant ce temps-là, les analystes se triturent les méninges pour essayer d'y voir clair. D'aucuns avancent que la flambée des prix a été encouragée par l'ouragan Katrina qui avait endommagé près de 90 % des installations pétrolières du Golfe du Mexique, celles responsables du quart de la production nationale américaine. Théorie qui ne semble pas tenir debout, en partie, car la hausse des prix était intervenue bien avant la catastrophe qui s'est abattue sur les Etats-Unis. Récemment, c'est le directeur du FMI (Fonds monétaire international) qui apportait sa contribution au débat, sans être concluant. Rodrigo Rato évoque comme l'une des principales causes le dynamisme de l'économie chinoise et un pays, de plus en plus, fortement demandeur. Autre pays demandeur, et grand consommateur de carburants, les Etats-Unis contribuent également à cette hausse des cours. Autre dilemme : les analystes affirment que cette explication par la forte demande formulée par les grandes puissances économiques (Chine, Inde et USA) ne saurait être suffisante et satisfaisante. Surtout que l'offre n'a pas enregistré de significative diminution et avec une OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) qui tient ses engagements pour une production d'environs 27 millions barils par jour. Une explication plausible pourrait être celle voulant que la flambée actuelle des cours de pétrole viserait à freiner l'élan de l'économie chinoise devenue particulièrement ravageur sur bien des marchés mondiaux. Ce serait une autre forme de régulation forcée. Cette hypothèse pourrait s'appliquer aux autres économies asiatiques promettant une rude concurrence sur les marchés mondiaux. Est invoqué également la faiblesse des investissements dans le Moyen-Orient, mais aussi les difficultés rencontrées pour ramener la stabilité dans cette partie du monde et notamment en Irak. Toutefois, d'autres analystes vont plus loin pour évoquer le résultat d'une forte spéculation. Rodrigo Rato parlait récemment d'un manque de transparence sur le marché pétrolier international sans préciser ce (ou ceux) qu'il visait par cette assertion. Plus clair dans ce sens est le célèbre expert Steve Forbes qui tirait dernièrement à boulets rouges sur les spéculateurs. Pour ce dernier, la flambée des cours de pétrole est due à une bulle spéculative qui finira par éclater dans un an. Faisant dans une heureuse prophétie, Forbes déclare que le baril reviendra dans un an à un seuil de 40, voire de 35 dollars. Il en veut pour exemple la déjà vieille histoire de la bulle des nouvelles technologies. Dans les milieux pétroliers, il est connu que les pays producteurs ne tirent pas le bénéfice que l'on croit des richesses de leur sol. Les grands groupes internationaux sont les premiers bénéficiaires, mais aussi l'armada des intermédiaires sur les marchés mondiaux. En attendant, personne ne sait de quoi demain sera fait et si revenir à son humble état de bipède, faisant plein usage de ses pieds, ne serait pas l'avenir (proche) de l'homme!