Principale conclusion de la 14ème édition du Colloque international des finances publiques «La dette publique consolidée englobant la dette du Trésor, des établissements et entreprises publics, des collectivités territoriales, et les arriérés dus par l'Etat ainsi que les engagements hors bilan, constitue un défi majeur qui ne peut être ignoré». La justesse et la justice des finances publiques sont la meilleure réponse aux défis du 21ème siècle. C'est ce qu'estime Noureddine Bensouda, trésorier général du Royaume, lors de l'ouverture de la 14ème édition du Colloque international sur les finances publiques (CIFP), initié par la Trésorerie générale du Royaume en partenariat avec l'Association pour la Fondation internationale de finances publiques (FONDAFIP). L'occasion étant d'identifier les grands défis des finances publiques du 21ème siècle. Une thématique qui vient répondre à des préoccupations majeures dans la sphère financière et publique, notamment dans ce contexte de mutation marqué à l'international par une crise sanitaire complexe et au niveau national par la mise en œuvre du nouveau modèle de développement. L'événement a été une occasion de débattre des stratégies et des modalités de financement des questions relatives à la fragilité sociale telles que la vieillesse, la retraite et les personnes en situation de handicap. Les échanges ont également porté sur le rôle des pouvoirs publics face aux défis économiques, aux impératifs de la croissance, à la transition démographique et aux problématiques liées aux inégalités territoriales. De même, les participants ont discuté des politiques publiques stratégiques en relation avec la programmation budgétaire, les enjeux de la dette, la transition numérique, ainsi que l'évaluation des politiques publiques. Retour sur les temps forts de cet événement. Vers la reconstitution des marges budgétaires... Lors de son intervention, Noureddine Bensouda a insisté sur l'assainissement des finances publiques comme gage de réussite de l'ensemble des réformes mises en œuvre par le gouvernement. La finalité étant de reconstituer des marges budgétaires qui permettront à l'Etat de construire l'avenir. «La dette publique consolidée englobant la dette du Trésor, des établissements et entreprises publics, des collectivités territoriales, et les arriérés dus par l'Etat ainsi que les engagements hors bilan, constitue un défi majeur qui ne peut être ignoré», peut-on relever du trésorier du Royaume. Et de préciser que «la question des ressources de l'Etat est également une question de l'heure et que le fait de le reconnaître est déjà un point positif». M. Bensouda est par ailleurs revenu sur les ambitions du Maroc à mettre en œuvre une réforme de fiscalité et réviser ses dépenses fiscales. Une orientation qui prend forme avec le projet de loi de Finances 2022. Selon le trésorier général du Royaume, le processus de réforme est enclenché, notamment avec l'abandon de la progressivité de l'impôt sur les sociétés ayant fait perdre au Trésor des recettes non négligeables et a augmenté «inutilement» la complexité du système fiscal. «L'ingénierie financière recourant entre autres à la cession d'actifs, ne règle pas les questions économiques, politiques et sociales sur le long terme. Il s'agit là d'un sujet d'Etat qui nécessite la participation de tous les acteurs, avec une bonne coordination entre le secteur privé et le secteur public en s'appuyant sur un capital humain de qualité et en se fixant un cap clair et bien défini», assure M. Bensouda. Le responsable a, dans le même contexte, fait observer que la politique fiscale constitue l'un des moyens pour réduire les inégalités sociales et territoriales. Il s'agit, selon lui, de l'un des défis majeurs de la société marocaine, d'où la nécessité d'assurer une meilleure redistribution des revenus, principalement en augmentant la part des impôts directs dans la structure des recettes fiscales. … Et la définition d'une nouvelle stratégie de financement Pour sa part, Faouzia Zaaboul, directrice du Trésor et des finances extérieures, a plaidé pour une définition d'une nouvelle stratégie de financement permettant d'impacter la croissance potentielle. Conjuguée à la poursuite des réformes structurelles, cette orientation permettrait au ratio dette/PIB de revenir à une trajectoire descendante à moyen terme. «Bien que notre dette reste soutenable, la vigilance doit rester de mise, car nous avons dépassé le seuil de référence du ratio dette/PIB des pays émergents, fixé à 70%», a-t-elle indiqué lors de sa participation à une table ronde en marge du Colloque. Parmi les recommandations faites par Mme Zaaboul on relève la mobilisation du potentiel fiscal national via la rationalisation de la fiscalité dérogatoire et l'élargissement de l'assiette fiscale sans oublier la recherche des financements à fort effet de levier impliquant l'ensemble du secteur privé. «La soutenabilité de la dette est tributaire, en outre, de l'amélioration du multiplicateur budgétaire à travers la maîtrise et le renforcement de l'efficience et l'efficacité des dépenses budgétaires, en vue de financer des politiques publiques à incidence directe sur le niveau de la croissance potentielle», explique Mme Zaaboul tout en appelant à la poursuite des efforts en matière de réduction de coût de la dette portant, notamment, sur la mobilisation d'une épargne à long terme. Un recours qui permettra de contribuer au financement des secteurs stratégiques de l'économie et au renforcement de la stabilité macroéconomique. La poursuite de la réforme de l'épargne institutionnelle fait également partie des priorités à tenir en compte, et ce au même titre que la réforme des régimes de retraite ainsi que le renforcement de la coordination entre les politiques monétaire et budgétaire pour maximiser leur rendement sur la stabilité macroéconomique.