Les travaux de construction du «Théâtre Mogador» ont commencé il y a trois mois. En maître d'œuvre, Taïeb Seddiki nous a fait visiter le chantier de ce «premier théâtre privé» au Maroc. Interview. ALM : Il vous a fallu six ans pour honorer votre engagement: « construire Mogador en dur pour durer ». Qu'est-ce qui a alors fait traîner ce projet ? Taïeb Seddiki : J'ai dit également qu'il était question du premier théâtre « privé » au Maroc. Je n'avais pas les moyens de cette ambition, c'est pour cela que j'ai procédé à un jeu de mots, en disant que c'était un théâtre privé de moyens ! J'ai dû vendre mes tableaux de peinture pour la somme de 80.000 dirhams, je construis donc ce théâtre grâce à mon infortune personnelle. Vous avez tout de même tapé à d'autres portes… Pourriez-vous nous citer les contributeurs ? Le ministère de la Culture m'a jusqu'ici versé 500.000 dirhams, c'est-à-dire la moitié d'1 million de dirhams qu'il m'a promis ; l'Office chérifien des phosphates, lui, m'a accordé 140.000 dirhams. Je compte également interpeller la mairie et la wilaya du Grand Casablanca, sans compter des partenaires privés. L'attente d'autres financements ne risque-t-elle pas de compromettre les travaux de construction en cours ? Comme vous le voyez, les maçons travaillent d'arrache-pied pour que le théâtre soit fin prêt en 2006. Le chantier a été ouvert il y a trois mois, mais vous pouvez déjà constater sur le terrain que les contours de ce théâtre se dessinent... Compte tenu des nombreux édifices en construction, pensez-vous qu'une superficie de 800 mètres serait suffisante ? Il s'agit ici d'un complexe ; en plus de la salle de spectacle couverte, avec bien entendu l'orchestre et le balcon, le plan prévoit un théâtre de plein air, dont la capacité d'accueil s'élèvera à 300 places. A la différence de la salle couverte, qui sera ouverte au grand public pendant toute la semaine, sauf le lundi, la salle de plein air sera dédiée uniquement aux spectacles pour enfants (sketches, clowns, magie, masques, etc). Cette salle sera ouverte tous les mercredis et dimanches. En dehors des salles de spectacle, le rez-de-chaussée abritera un café-théâtre, des loges pour les comédiens et des ateliers techniques ainsi qu'un studio d'enregistrement. Et ce n'est pas tout… Autour du théâtre, il y aura un musée du théâtre marocain. Ce musée, en plus du patrimoine de Masrah Ennas, exposera les décors et accessoires d'autres troupes de théâtre nationales. Soucieux de l'importance de la formation à l'art dramatique, nous procéderons également à la construction d'une école destinée à l'enseignement non seulement de l'art d'interprétation, mais aussi des techniques de scène : éclairage, sonorisation, costumes, décors… A tout cela, il faut ajouter une galerie d'exposition d'arts plastiques, une librairie, une bibliothèque, un parking… Naturellement, tout cela ne peut fonctionner sans restaurant, café et autres espaces de divertissement et d'animation. Avez-vous fixé un délais pour la fin des travaux ? Cela dépend-bien sûr de la réactivité des contributeurs. Une chose reste pourtant sûre : nous allons faire tout notre possible pour que l'inauguration du Théâtre-Mogador ait lieu courant 2006. Que prévoyez-vous pour cette inauguration ? Nous allons ouvrir avec la représentation de plusieurs pièces de théâtre : « Aâzizi » du regretté Saïd Seddiki, « Les Chaises » de Ionesco, avec Mostafa Salamat et Amina Omar, sans oublier un « One man tiède », au lieu de one-man-chaud (rires…), que je jouerai moi-même. Homme de théâtre, vous êtes également un homme de plume. Envisagez-vous de nouvelles publications ? J'ai mis sous presse un roman en français intitulé «Kwuiza la blanche» et un recueil de poésie que j'ai titré «Point virgule». En arabe, trois pièces sont à publier: «Al mossadafa», «Mahjouba» et «Moulat al-fendaq».