Pour la rentrée de septembre, le gouvernement va plancher sur le dossier du chômage des jeunes diplômés. Les assises de l'emploi, prévues pour les 22 et 23 septembre, seront riches en annonces. La privatisation du placement sera mise en pratique. Plus la date du 22 septembre approche, date initialement prévue pour les assises de l'emploi, plus le voile est levé sur les mesures devant être mises en chantier pour donner un coût de fouet au marché de l'emploi. L'une des mesures devant être livrées porte sur la privatisation du placement, aujourd'hui monopole de l'Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (ANAPEC). L'ouverture au privé de ce champ d'action est, assurément, un gage supplémentaire d'une meilleure mise en relation de l'offre et la demande. Empêtrée dans ses scandales et sa mauvaise gestion, l'Agence a, très certainement, failli à sa mission initiale. Certains demandent, purement et simplement, si ce n'est la dissolution de l'agence, au moins, la révision de ses missions initiales, passant par le changement de nom, synonyme d'échec et de scandale, Najat en tête. Initialement, l'ANAPEC est un établissement public doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Elle a trois missions principales. D'abord, procéder à la prospection, à la collecte des offres d'emploi auprès des employeurs et à la mise en relation de l'offre et de la demande d'emploi. Ensuite, assurer l'accueil, l'information et l'orientation des demandeurs d'emploi. Et, troisièmement, informer et orienter les jeunes entrepreneurs pour la réalisation de leurs projets économiques. Sur le terrain, ses missions sont loin d'être honorées par l'agence. Par la privatisation du placement, le gouvernement entend faire des différents intermédiaires du marché de l'emploi (cabinet de recrutement, sociétés du travail temporaire , associations et autre) des fournisseurs de l'ANAPEC. À l'appui de cette réforme, les professionnels de l'intermédiation invoquent principalement la volonté de « fluidifier » le marché du travail en multipliant les opportunités de rencontre entre l'offre et la demande d'emploi. Il sera donc désormais permis à une entreprise de s'adresser à un opérateur privé afin de trouver un salarié le plus en adéquation possible avec ses besoins. Le modèle français servirait, assurément, de base pour le modèle marocain. En France, l'activité de placement est largement ouverte par le projet de loi Borloo à des opérateurs privés dont les conditions de mise en place et de fonctionnement sont faiblement encadrées. Une simple déclaration préalable doit être faite à l'administration . Aucune garantie financière n'est exigée. L'activité de placement peut être payante sauf pour les personnes à la recherche d'un emploi. En outre, il n'est prévu de poursuites pénales que si cette règle de gratuité n'est pas respectée ou si l'opération s'effectue sur des critères discriminatoires. Enfin, les opérateurs privés sont tenus de fournir des statistiques sur leur activité, sans autre précision. Les voies de recrutement direct par l'employeur sont ainsi considérablement élargies. Ainsi, le placement consiste à rapprocher l'offre et la demande d'emploi, sans que l'auteur de cette activité ne devienne partie au contrat de travail susceptible d'en découler: cette entremise est exclusive de tout lien de subordination entre le salarié et l'intermédiaire. Les opérations de placement doivent, sauf exceptions prévues par la loi, être effectuées à titre gratuit, que l'opérateur soit l'ANPE ou un des organismes privés conventionnés qui participent à ses côtés au placement des demandeurs d'emploi. Par contre, si la privatisation du placement paraît libéraliser et livrer à la concurrence l'accès au travail, il n'en reste pas moins qu'il faut se prémunir contre une déréglementation éventuellement induite. Les intermédiaires peu scrupuleux pourraient avoir de beaux jours devant eux. La « fluidification » du marché de l'emploi, tant désirée, peut-elle se faire à n'importe quel prix, en tout cas, elle ne saurait s'opèrer au détriment des protections garanties par le code de travail. C'est pourquoi, en marge des assises de l'emploi, un bilan global des actions menées ou celles à entreprendre s'impose, sinon, la montagne risque, comme en 2000, d'accoucher d'une souris!