C'est sous haute surveillance que s'est tenue, mardi, la première audience du procès Mounir Erramach à la Cour spéciale de Rabat. L'affaire a été reportée au 23 décembre et elle annonce un vrai bras de fer entre journalistes et défenseurs des accusés. La première audience relative au procès Mounir Erramach s'est tenue mardi dernier à la Cour spéciale de Rabat dans une salle pleine à craquer par les défenseurs des accusés et leurs proches et par un grand nombre de journalistes de la presse écrite et audiovisuelle venus couvrir cette grosse affaire de trafic international de drogue qui implique plusieurs fonctionnaires de la Sûreté nationale, des magistrats de la Cour d'appel de Tétouan, des militaires, des gendarmes et les barrons de la drogue à savoir Mounir Erramach et le fameux El Ouazzani qui n'est autre que le surnommé Nini. C'est ce dernier qui avait dénoncé les noms des cinq magistrats et celui du chef de la sûreté de la ville de Tétouan. À 9 heures précises, l'ordre d'interdire la circulation aux alentours du tribunal a été donné. Aucune voiture et aucun moyen de transport ne doit surgir d'aucune ruelle. Dix minutes plus tard, une armada de voitures policières arrivent devant le tribunal, les photographes présents qui souhaitaient prendre des photos d'Erramach se précipitent autour des véhicules policiers et se font éloigner par les agents de la sécurité qui ont installé des barrières interdisant l'accès à toute personne étrangère au corps de la police. Les 27 accusés qui se trouvent en état d'arrestation défilent sous haute surveillance, impossible de les approcher. Les journalistes qui étaient autorisés à assister à l'audience doivent obligatoirement étaler leur carte de presse à la porte d'entrée et finalement tout ce beau monde s'est trouvé à l'intérieur du tribunal dans une petite salle pleine à craquer. Les accusés entourés de dizaines de policiers et de leurs avocats sont invisibles, le procureur général du Roi rejoint la cour et juste au moment où le président se préparait à reporter l'affaire, il prend la parole et s'adresse à la presse dans l'objectif de leur demander plus de professionnalisme dans leurs chroniques. Le procureur a surtout fait savoir que tous les mis en cause sont présumés innocents avant leurs jugements. Avant que le verdict ne soit prononcé, la notion d'innocence doit être respectée. A la fin de son intervention, maître Ziane prend la parole et demande à la cour d'accorder la liberté provisoire à son client, un commandant de l'Armée royale et non de la gendarmerie comme il a été souligné par certains journaux. Et justement, en parlant de presse, maître Ziane s'est attaqué au journaliste d'Al Ahdate Al Maghribia. Et les journalistes présents dans la salle commencent leurs critiques à haute voix, plus rien ne s'entend, le président demande du calme. Les autres avocats voulaient prendre la parole à leur tour, rien à faire, le désordre prend le dessus du procès. La pagaille enflamme la salle et la décision de reporter l'affaire au 23 du mois courant a été prise par le président de la cour. De nouveau, la police encercle les détenus, par groupe de huit et prennent place dans les voitures blindées et regagnent la maison d'arrêt de Salé où ils sont incarcérés depuis le début de l'affaire qui remonte au mois d'août dernier et qui implique 31 personnes parmi lesquelles quatre accusés ayant bénéficié de la liberté provisoire. La question que tout le monde se pose est celle de savoir si Erramach était présent ou non. Une chose est sûre, personne n'a pu le voir et selon les rumeurs qui circulaient dans les coulisses du tribunal, il était bel et bien présent mais isolé secrètement au sous-sol. Quant à Mohamed El Ouazani, l'autre barron, aucune certitude n'a été donnée sur sa présence et les mêmes précautions étaient prises à son égard.