La Cour d'appel à Tétouan et la Cour spéciale de justice à Rabat ont entamé simultanément, mardi, l'examen des deux dossiers de Mounir Erramach et ses complices. Elles ont dû reporter les dossiers à des dates ultérieures et différentes afin que Erramach et deux autres mis en cause puissent être présents devant les deux juridictions. Devant quelle juridiction comparaîtra Mounir Erramach, ce mardi 17 février ? La Chambre criminelle près la Cour d'appel de Tétouan ou la Cour Spéciale de Justice de Rabat ? C'est la question qui a hanté l'esprit des avocats qui soutiennent les mis en cause impliqués dans les deux dossiers de Mounir Erramach, à Rabat et à Tétouan. Ils semblent persuadés qu'il sera présenté à Tétouan où la première audience relative à la partie concernant le trafic international de drogue dans le cadre d'un réseau organisé, tentative d'homicide avec préméditation et détention d'armes sans autorisation et débauche. C'est sous haute sécurité que Mounir Erramach et les 21 autres mis en cause impliqués dans ce deuxième dossier ont été conduits, à midi, dans la salle d'audience. Une 23ème personne est poursuivie en poursuivis en état de liberté provisoire. Alors que Hicham Harboul, est encore en état de fuite. Une fois l'audience ouverte, le président de la cour a appelé à la barre les mis en cause et leurs avocats avant de donner la parole à la défense. Cette dernière a soulevé le problème du retard de plus de deux heures pour la présentation des mis en cause à la salle d'audience, le grand nombre des éléments de la force publique qui surveillent la salle d'audience. De même, la défense a réclamé le report du dossier pour lui permettre d'examiner tous les documents du dossier, soulignant que la majorité des avocats n'ont pas encore eu copie du procès verbal. En outre, les avocats ont demandé à la cour d'ordonner la convocation d'un traducteur permettant aux deux mis en cause marocains, qui ne s'expriment pas bien en langue arabe, de suivre le déroulement de l'examen du dossier et la convocation de témoins. Le représentant du ministère public s'est opposé à cette dernière requête, arguant qu'ils ont été déjà entendus sous serment par le juge d'instruction lors des instructions détaillées. Ce qui a provoqué durant plus d'une heure une joute oratoire entre les avocats de la défense et le représentant du ministère public. Une joute à laquelle a mis fin l'intervention de la cour, qui a décidé de reporter l'affaire à l'audience du vendredi 19 mars avec la décision d'appliquer la procédure de contumace contre le seul mis en cause encore en état de fuite, à savoir Hicham Harboul. La Cour a décidé, par ailleurs, de rejeter la requête présentée par la défense, relative à la demande de la liberté provisoire pour plusieurs mis en cause. Par ailleurs, la Cour Spéciale de Justice à Rabat a reporté, à l'audience du mercredi 25 février, le premier dossier relatif à cette affaire, dans laquelle sont impliqués des hauts responsables de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie royale et de l'Administration des douanes, ainsi que des magistrats, un greffier, un président de collectivité locale et des hommes d'affaires. Ces derniers sont poursuivis pour trafic d'influence, corruption, concussion, détournement de deniers publics et participation, non dénonciation, divulgation du secret professionnel et trafic de stupéfiants. Lors de l'audience du mardi dernier, la CSJ a rejeté la requête de la défense qui demandait la liberté provisoire pour plusieurs mis en cause. Elle a également décidé de surseoir aux requêtes de confiscation des biens jusqu'à la fin de l'examen du dossier. La Cour a par ailleurs demandé la comparution lors de la prochaine audience de trois mis en cause, dont Mounir Erramach, poursuivis devant la Cour d'appel de Tétouan. Pour rappel, la Cour Spéciale de Justice avait fait bénéficier, lors de précédentes audiences, de la liberté provisoire à 14 mis en cause, dont 5 lors de l'instruction préliminaire. Cette affaire, qui remonte à la nuit du 3 au 4 août 2003, avait éclaté suite à une altercation entre deux groupes de trafiquants de drogue de ville de Tétouan. Une altercation qui a dégénéré en bagarre avec usage d'armes à feu et qui s'était soldée par l'arrestation de Mounir Erramach et d'autres mis en cause dont des fonctionnaires qui ont été accusés d'avoir couvert l'activité d'Erramach et d'autres trafiquants de drogue.