En cinq années, les séparatistes ont libéré quelque 1277 Marocains sous les auspices du CICR. Des libérations qui ont mis fin à des années de souffrances et d'humiliations dans les geôles de Tindouf. Dix années après le cessez-le-feu signé entre le Maroc et les séparatistes du polisario, 1685 prisonniers marocains croupissaient dans les geôles de Tindouf. Une série de libération s'en est suivie. La première a eu lieu le 26 février 2000. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait alors rapatrié 186 prisonniers libérés par le polisario pour raisons humanitaires. Accompagnés d'une équipe du CICR, ils ont quitté Tindouf à bord d'un avion affrété par l'institution et ont été remis aux autorités marocaines en arrivant à l'aéroport militaire d'Inezgane, près d'Agadir. Auparavant, trois groupes de prisonniers marocains avaient été rapatriés sous les auspices du CICR: 10 en 1984, 185 en 1995 et 5 en novembre 1999. Le 17 janvier 2002, 115 prisonniers marocains avaient été libérés sous les auspices du CICR. Le 7 juillet de la même année, ce sont 101 prisonniers marocains qui ont pu retourner au pays, toujours avec l'aide de la Croix-Rouge internationale. 2003 est une année importante dans le processus de libération de ces Marocains puisque c'est l'année de la parution du rapport accablant de la fondation France Libertés créée par Danielle Mitterrand, sur «Les conditions de détention des prisonniers de guerre marocains détenus à Tindouf». De graves violations ont été alors dévoilées. Ces Marocains, détenus pour la plupart entre 20 et 30 années, subissaient d'innombrables tortures, mutilations et meurtres de prisonniers (brûlures à vif au kérosène, castrations, suspensions par les pieds, coups divers - pelles, câbles électriques...). Le rapport fait à ce sujet état de centaines de prisonniers morts sous la torture. Sous-alimentés, ils avaient quotidienement à effectuer de nombreux travaux forcés, quel que soit leur état de santé. Il n'avait pour la plupart droit à deux heures de sommeil par jour. Cette main-d'œuvre était utilisée dans la fabrication de briques, construction de centres de détention, de pistes... Et durant de longues années, ils ont contracté de nombreuses maladies liées au travail forcé, au manque d'hygiène, à l'alimentation insuffisante (colites, gastralgies, ulcères, maladies rhumatismales, maladies des yeux ainsi que des pathologies neuro-psychiatriques très importantes..). En parallèle, les diverses humiliations étaient monnaie courante et vont des insultes, aux crachats et coups en passant par ces très longues séances d'exhibition devant des journalistes et autres ONG internationales. En conséquent, le 26 février 2003, 100 autres Marocains, détenus sur le sol algérien depuis de nombreuses années dans des conditions lamentables ont pu rejoindre la mère-patrie. Le 1er septembre de la même année, le CICR a procédé au rapatriement de 243 prisonniers marocains libérés par le Front Polisario. Parmi ces prisonniers se trouvaient 13 officiers (le plus ancien d'entre eux était en captivité depuis 28 ans) et 14 civils. Par la suite, et toujours sous des pressions internationales, les séparatistes de Tindouf ont accepté d'augmenter la cadence de ces libérations. C'est ainsi que le 8 novembre 2003, ce sont 300 prisonniers marocains qui ont été libérés par le polisario. Le 24 avril 2004, ce sont à nouveau cent prisonniers marocains qui ont été rapatriés. Une libération de ces prisonniers intervient à la suite d'une médiation de l'État du Qatar. Trois mois plus tard (24 juin 2004), le polisario a procédé à la libération d'une centaine de prisonniers de guerre marocains. Il s'agissait de la dernière grande vague de rapatriement. Le début de l'année 2005 a été marqué par le rapatriement de deux détenus marocains à Tindouf. Une libération qui est intervenue le 22 janvier. Les deux détenus ne devaient cette libération qu'à leur grave état de santé. D'ailleurs, l'un des deux est décédé cinq jours plus tard (27 janvier) à l'hôpital militaire de Marrakech, où il a été admis à son retour au Maroc. Il s'agit de Mohamed Lahmadi, prisonnier depuis 17 ans et membre des Forces auxiliaires. Le défunt souffrait d'un cancer de la prostate depuis plusieurs années. Il est à signaler que l'adoption de la résolution 1359 du 29 juin 2001 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, consacrant la distinction entre les questions humanitaires et politiques de l'affaire du Sahara, a constitué un tournant en ce qui concerne le règlement de la situation des ces plus anciens prisonniers de guerre du monde. Il s'agissait du couronnement de longues années d'efforts constants du Maroc et d'une passionnante campagne de sensibilisation internationale. L'objectif en était de ne pas faire de la tragédie de ces détenus ainsi que les problèmes des séquestrés à Tindouf l'otage du règlement politique de cette affaire. Mais devant l'entêtement des séparatistes, les actions des associations de défense de droits de l'Homme se sont multipliées. Les dénonciations à travers le monde se sont alors multipliées. A ceci s'ajoutent bien évidemment quelque 120 personnes marocaines décédées à Tindouf. Il s'agit là d'un chiffre fourni par la fondation France Libertés lors de son fameux rapport de 2003. Sur ces 120 morts, civils et militaires, 45 seraient enterrés sur place, d'après l'association des familles, dont 10 corps demeurent aujourd'hui non identifiés. Quant aux lieux d'enterrement des autres victimes des geôles du polisario, ils demeurent inconnus.