L'industrie de la semi-conserve d'anchois en manque d'approvisionnement. La première au monde (plus de 800 millions de dirhams), elle se trouve dans l'obligation d'importer du poisson argentin et chilien. Ce qui pose le problème de règle d'origine pour les exportations. Les anchois boudent les eaux marocaines. Le stock de ces petits poissons très prisés un peu partout au monde a considérablement baissé ces dernières années à cause de l'effort de pêche intense. Et les industries marocaines de la semi-conserve d'anchois en pâtissent. Pour subvenir à leurs besoins en matières premières, elles se trouvent acculées à l'importation, essentiellement d'Argentine et de Chili. «Le déficit d'apport a été de l'ordre de 50% en 2004 et de 60% jusqu'à fin juin 2005», estime Abderrafïi Megzari, président de l'Association marocaine des semi-conserves de poissons (AMASCP). Une chose est sûre : les prises d'anchois ont considérablement baissé ces cinq dernières années après avoir connu un boom lors de la fin des années 90. Si en 1995, la production marocaine était de l'ordre de 11.181 tonnes, elle a augmenté pour atteindre un record de 47.000 tonnes durant l'année 2001 pour baisser jusqu'à 7459 tonnes l'année dernière. Et la tendance de baisse continue toujours, puisque le premier semestre 2005 a connu une production de 4597 tonnes. « Pour ne pas baisser nos exportations qui, signalons-le constituent 99% de la production nationale, nous importons des anchois de pays d'Amérique latine», ajoute-t-il. Sur le plan du coût de production, poisson importé comme celui pêché dans les eaux marocaines sont pareils. «Le prix des anchois marocains a en effet triplé entre 2000 et 2005. Il y a cinq années, le kilogramme coûtait trois à quatre dirhams. Maintenant, il est vendu à 12 dirhams le kilo », explique M. Megzari, également directeur de La Monégasque Maroc, premier producteur marocain de conserves d'anchois avec une part de marché dépassant les 40 %. Mais la différence réside dans les facilités accordées au poisson marocain à destination des marchés européens. «La législation sur la règle d'origine nous impose de signaler la provenance de notre poisson. S'il est Marocain, aucun droit de douane n'est imposé, ce qui n'est pas le cas du poisson argentin par exemple qui est taxé à hauteur de 25 % », précise le président de l'AMASCP. Pour faire face à cette situation, nombreux sont les industriels marocains qui n'exportent vers l'Europe que des conserves faites à partir de poisson marocain. Le reste de leur production est alors dirigé vers d'autres pays. Une gymnastique lourde pour la première industrie des semi-conserves d'anchois au monde qui réalise un chiffre d'affaires de l'ordre de 800 millions de dirhams.